Les plus démocratiques des élections genevoises : les Municipales !

 

Ils et elles seront 2013 (dont 38 % de femmes), âgé.e.s de 17 à 97 ans, à se porter candidates et candidats aux 946 sièges des Conseils municipaux genevois, le 23 mars prochain. Et 262 (de 25 à 76 ans, dont 31 % de femmes)  aux 137 sièges des 45 Conseils administratifs. C'est plus, aux deux instances, qu'il y a cinq ans. En Ville de Genève, 303 candidates et candidats (dont 34 % de femmes) se présentent aux 80 sièges du Conseil municipal, et seize au Conseil administratif. Les élections municipales sont, à Genève, les seules où la majorité de la population des principales communes est appelée aux urnes puisque les seules où les étrangers et étrangères établis depuis huit ans dans la commune disposent du droit de voter et d'élire (sans encore disposer du droit d'être élus). De ce fait, même avec des taux de participation plus bas qu'aux élections cantonales, on a, en Ville de Genève, plus d'habitantes et d'habitants (de citoyennes et de citoyens au strict sens du terme : qui sont la cité) qui participent aux élections municipales qu'aux élections cantonales. Ainsi sont elles les plus démocratiques de nos élections...

Pour que la commune aille plus loin et plus fort que le canton

Les élections municipales de mars et d'avril vont désigner les délibératifs (les Conseils municipaux) et les exécutifs (les Conseils administratifs) des communes genevoises, auxquels nombre de magistrates et magistrats actuels ne se représentent pas : ils et elles sont plus du tiers des sortants à laisser la place fin mai. En Ville de Genève, ce sera le cas de Sami Kanaan, qui a exercé les trois mandats successifs que les statuts du PS autorisent, et de Frédéric Perler, qui a choisi de ne pas se représenter. Pour leur succéder, le PS présentera Joëlle Bertossa aux côtés de Christina Kitsos et les Verts  Marjorie de Chastonay aux côtés d'Alfonso Gomez. On notera aussi le départ à Chêne-Bourg de la PLR Béatriz de Candolle et d'Elisabeth Gabus-Thorens à Confignon.

Les renifleurs de tendances prévoient dans les Conseils municipaux une poussée des partis populistes de droite, l'UDC et le MCG, mal implantés dans les communes non urbaines et sous-représentés en Ville de Genève, et l'entrée des maudétistes de LJS au Conseil municipal de la Ville. L'alliance du Centre et des Verts libéraux devrait lui assurer une représentation dans les Conseils municipaux de Genève (où l'ex-PDC flirte depuis des années avec le quorum) et de quelques autres villes, mais on peut supposer que cette alliance profitera essentiellement au Centre. Du côté des perdants, les renifleurs voient le PLR, concurrencé par LJS et l'alliance centriste, et les Verts, en petite forme. A gauche, l'alliance d'Ensemble à Gauche et de l'Union Populaire sur une seule liste devrait lui permettre non seulement de maintenir sa représentation en Ville, mais même de progresser. Quant au PS, sa bonne santé politique lui permet d'envisager l'élection avec un certain optimisme, et d'assurer le renouvellement de ses magistrats à Carouge, Meyrin et en Ville (pour son deuxième siège), et d'espérer pouvoir récupérer le siège bêtement perdu à Onex.

A droite, l'inflation de candidatures au premier tour ne présage pas d'un résultat mirobolant en Ville : le PLR présente la candidature de Natacha Buffet-Desfayes, le Centre et les Verts libéraux celles de Marie Barbey Chappuis et de Boris Calame, Liberté et Justice sociale celle de Simon Brandt, pour qui "le véritable enjeu est de faire entrer LJS au Municipal" pour priver la gauche de majorité, l'UDC celles de Vincent Schaller et Alexandre Chevallier et le MCG celles d'Amar Madani et Skender Salihi. Si Marie Barbey Chappuis peut espérer sans optimisme excessif être réélue, les autres auront bien de la peine à surnager, même la candidate du PLR, encore premier parti d'une droite minoritaire, mais sans alliance (explicite ou non) crédible, et qui peut bien proclamer fièrement qu'"en politique, mieux vaut être dérangeante que transparente" sans qu'on perçoive qui diable elle peut bien déranger. A part peut-être le Centre -et encore : c'est plutôt Simon Brandt, qui "dérange", mais autant le PLR que le Centre...

Mardi, le Parti socialiste lançait sa campagne électorale, en mettant en avant le bilan de la législature  finissante -le bilan du groupe socialiste au Conseil municipal et celui de ses deux magistrats, Christina Kitsos et Sami Kanaan, mais aussi celui de la gauche, majoritaire dans les deux instances municipales, et en affirmant les priorités du parti (le premier de la Ville, soit dit en passant) pour la législature. Des priorités qui, d'ailleurs, s'appuient sur ce bilan, celui de Christina Kitsos s'agissant par exemple de la création de places de crèches et revalorisation salariale du personnel de la petite enfance grâce à la municipalisation progressive des structures d'accueil, augmentation des places d'hébergement d'urgence (elles sont désormais 500) grâce à la conclusion d'un accord intercommunal... s'agissant de la politique culturelle, c'est sur le bilan de Sami Kanaan que le parti s'appuie pour, notamment renforcer le soutien aux lieux et aux acteurs culturels non institutionnels. Le programme complet (et complet, il l'est...) et la présentation des candidates et des candidats, vous le trouverez sur https://2025.ps-geneve.ch/.

Il y a ainsi plusieurs enjeux à ces Municipales, en Ville de Genève. Le premier enjeu, strictement électoral, est évidemment, le maintien de la double majorité de gauche au Délibératif et à l'Exécutif. Pas pour le plaisir et le confort d'être majoritaires, mais parce que cette majorité est le moyen de mener une politique. Le deuxième enjeu, c'est précisément celui de la poursuite des politiques engagées dans les domaines des dicastères présidés par des élues et des élus de gauche -or ces domaines sont précisément ceux qui  relèvent des deux urgences auxquelles la gauche veut répondre : l'urgence sociale (et culturelle), l'urgence climatique (et environnementale). Enfin, il y a un troisième enjeu, qui pèse de son poids d'histoire : la capacité de la commune, de la Ville en l'occurrence, de mener une politique qui ne soit pas seulement un complément, ou une exécution, de celle du canton, mais sa propre politique à elle, la commune; une politique autonome, qui aille plus loin que la politique cantonale, et exploite pleinement l'autonomie congrue que le système institutionnel genevois laisse à ses communes. Plus loin, et plus fort.

Et ça tombe bien : le slogan du PS pour ces élections tient en un mot : "agir"...




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