Responsabilité environnementale : Où est l'irréalisme ?

C'est quoi, la responsabilité environnementale sur laquelle on votera le 9 février ? C'est simple : c'est ne pas utiliser davantage de ressources que celles que la nature est capable de régénérer. Après tout, ce n'est que ce que les forestier font depuis le XVe siècle. La responsabilité environnementale, c'est respecter les limites planétaires, et c'est ce que demande l'initiative soumise à notre proverbiale sagacité citoyenne:  inscrire le respect des limites planétaires dans la Constitution et obliger à les respecter en édictant des des règles concrètes. Or aujourd'hui, la Suisse, comme tous les pays "développés" (on devrait d'ailleurs plutôt dire "surdéveloppés", pour ne pas dire "gras du bide") consomme bien plus de ressources et rejette bien plus de polluants que son écosystème et celui du monde sont capables de renouveler et d’éliminer si la consommation suisse de ressources s'étendait au monde entier. En 2024, le monde humain a consommé le 27 mai la totalité des ressources qu'il était capable de régénérer pendant toute l'année. Et les sept mois suivants, on bousille l'avenir. Les opposants à l'initiative pour la responsabilité environnementale la taxent d'irréalisme. Et si l'irréalisme consistait plutôt à s'en tenir à la politique actuelle ? Après nous le déluge ?

Vouloir respecter les limites planétaires, c'est aussi vouloir réduire les inégalités.

Un pays dépasse les limites planétaires dans un domaine déterminé (ou dans plusieurs) lorsque sa population, sa consommation et son activité économique et sociale exercent sur l'environnement une pression telle que les ressources disponibles pour ce ou ces domaine(s) ne peuvent plus se régénérer si toute la population humaine se comportait comme celle de ce pays. Or la Suisse est précisément dans cet état de dépassement. Et l'un des principaux domaines dans lesquels la Suisse vit bien au-dessus de ses moyens environnementaux est celui des transports : plus de 40% de nos émissions de CO₂ viennent du trafic routier... et il ne faut pas compter sur les voitures électriques pour réduire ces nuisances : leur production est énergivore et surconsommatrice  de métaux et de matériaux divers   Actif-Trafic résume  pertinemment : Pour que les transports respectent les limites planétaires, il faut donc tout simplement rouler moins (ou alors en train)... et prendre moins l'avion :  le volume massif des vols actuel est absolument incompatible avec les limites planétaires. Et même s'il était possible (et cela ne l'est pas) de produire suffisamment de  kérosène renouvelable pour le substituer au kérosène non-renouvelable, cela nécessiterait une énergie considérable et ne résoudrait en rien le problème des rejets de particules de suie, des oxydes d'azote, de la vapeur d'eau et des traînées de condensation... Là encore, prendre le train plutôt que l'avion pour les vols court-courriers  s'imposerait.

Enfin, vouloir respecter les limites planétaires, c'est aussi vouloir réduire les inégalités : l'initiative pour la responsabilité environnementale demande que les mesures à mettre en œuvre le soient en faisant d'abord assumer leur responsabilité par les personnes les plus riches et les plus grosses entreprises.

Que ce soient ceux qui nous contraignent à répondre à une urgence environnementale qui paient cette réponse, pas ceux (les personnes les plus modestes matériellement, les plus petites entreprises) qui souffrent de la dégradation de leur cadre de vie et de travail : ainsi peuvent se rejoindre dans une action concrète les réponses à l'urgence environnementale et à l'urgence sociale.







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