"Lois corset" : référendum lancé par la gauche

 

La nostalgie et l'obsession

On ne sait si cela tient de la nostalgie du joli temps des corset, dont le couturier Paul Poiret est connu pour avoir libéré les femmes, ou de l'obsession d'y enserrer les budgets public, mais la droite parlementaire cantonale, il y a un peu plus d'une semaine, votait deux lois de "frein aux dépenses" applicables en cas de déficit budgétaire (sans trop se préoccuper de savoir si aux comptes ce déficit annoncé ne se transformera pas en bonis). La première loi calibre les dépenses à l'évolution démographique, la deuxième gèle les engagements de personnel en cas de prévisions financières négatives. Ni la première, ni la seconde loi ne tient compte de la réalité des besoins. Pour tenter de les faire avaler, la majorité de droite les présente comme devant "préserver les prestations publiques" -alors qu'elles les mettent en danger (alors que cette même majorité avait assuré, pour faire accepter par le peuple une baisse d'impôts, que les prestations seraient maintenues). Là, on n'est plus ni dans la nostalgie, ni dans l'obsession, mais bien plus trivialement dans le mensonge.  La gauche politique et syndicale lance le référendum contre ces deux lois. Sans doute ne guérit-on pas les obsessionnels de leurs obsessions ni les nostalgiques de leurs nostalgies par voie référendaire, mais au moins peut-on les empêcher de faire des unes et des autres des lois de fonctionnement de la République... Les feuilles de signatures du référendum sont téléchargeables ici : https://ps-ge.ch/wp-content/uploads/2025/02/referendum-lois-corsets-2025-ps.pdf

Une faute politique qui ne nous étonne pas venant de là d'où elle vient

Croire, comme le feint la droite, que les besoins des services publics évoluent comme, quantitativement, la démographie est une ânerie : les différentes catégories sociales ont des besoins différents, le vieillissement de la population implique des services renforcés, l'augmentation du nombre d'élèves à l'école obligatoire du personnel supplémentaire,  celui d'élèves avec besoins spécifiques nécessite du personnel avec une qualification spécifique, la réponse à l'urgence climatique et à l'urgence sociale nécessite des engagements nouveaux. Tout cela coûte, et rien de cela n'est pris en compte dans les deux lois votées par la droite et combattues par la gauche. On va manque d'éducateurs, de psychomotriciens, de personnel administratif, d'assistants sociaux. Des services et des institutions (le service de protection des mineurs, l'Hospice général, pour ne citer qu'eux) sont déjà débordés. Le vieillissement de la population, la croissance des inégalités, la hausse de charges incontournables comme les primes maladies et les loyers, ne sont pas des fantasmes d'idéologues, mais des réalités lourdes.

Faire du personnel des services publics une variable d'ajustement des budgets est une ânerie dangereuse (aucune nécessité financière ne le justifie), et finalement plus coûteuse que les économies qu'on prétend vouloir faire. Des lois comme celles que la droite genevoise vient de faire passer au Grand Conseil manifestent moins une volonté d'équilibrer les budgets qu'un déni de réalité sociale : dans la santé, l'éducation, l'emploi, l'aide aux populations les plus précaires, les besoins augmentent plus vite, et plus massivement, que la population -et c'est cette réalité là que la majorité politique cantonale se refuse à voir, et à comprendre. Cette ignorance volontaire des défis environnementaux et sociaux auxquels toute la population est confrontée -mais la population la plus modeste plus durement que les autres, est une faute sociale. Elle ne nous étonne pas venant de là d'où elle vient, mais elle nous engage à empêcher qu'elle devienne une règle.



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