Fonds de corbeille

Chronique de la connerie hygiéniste ordinaire : la régie publicitaire de la RATP et de la SNCF françaises a utilisé une scène du film de Jacques Tati, " Mon Oncle ", où l'on voit le personnage incarné par le grand Jacques, pipe au bec, sur son solex, avec son neveu sur le porte-bagage, mais a remplacé, au nom de la lutte contre le tabagisme, la pipe de Tati, accessoire indissociable du personnage, par un petit moulin à vent en plastique... Pourquoi diable s'est-on arrêté là ? Il fallait aussi remplacer le gamin sur le porte-bagage par un chien au nom de la lutte contre la pédophilie, le solex par un vélo électrique au nom de la lutte contre la pollution, et Jacques Tati (d'origine russe) par un bougnat auvergnat au nom de la maîtrise de l'immigration...

La crise s'aggrave, l'austérité frappe, les restrictions budgétaires pleuvent et l'injustice règne : malgré des décennies de services rendus, l'UBS a décidé de couper les vivres aux partis bourgeois (libéraux-radicaux, PDC, UDC), à qui elle accordait chaque année quelques millions de subvention (en fonction de leurs votes au parlement sur des enjeux jugés essentiels par la banque -critères en fonction desquels ni le PS, ni les Verts n'avaient droit à la grosse aumône bancaire). Motif de cette scandaleuse remise en cause des droits acquis : " aussi longtemps qu'UBS a recours à une aide étatique, il est juste de renoncer à financer les partis ".puisqu'on est opposés à leur financement public. Apparemment, c'est cohérent. Quoique : non seulement les partis reçoivent de petites subventions des collectivités publique destinées à leurs groupes parlementaires, mais ils prélèvent une part, variable (plus forte au fur et à mesure qu'on se déplace sur la gauche du panorama politique) des jetons de présence et indemnités que reçoivent leurs élus. Ce qui revient à être financé par les collectivités publiques, tout en affirmant en être indépendant.

A Sorens, dans le canton de Fribourg, le conseil de la paroisse catholique a décidé de faire payer les obsèques jusqu'à 15'000 balles aux familles d'un défunt ne payant plus l'impôt ecclésiastique mais pour lequel ses proches souhaitent tout de mêmes des funérailles catholiques. La somme (rondelette) demandée comprend la messe, l'usage de l'église, les orgues et l'organiste et les chanteurs. Plus le curé, le cercueil et l'ensevelissement. A ce prix là. on espère au moins une exécution intégrale du Requiem de Verdi, un cercueil en ébène avec poignées en or, un office religieux conduit par le pape (ou un évêque éconard), l'installation du wi-fi dans le caveau, une indulgence plénière et le droit à une résurrection. Parce que sinon, on avertit " A bon entendeur ". C'est vrai, quoi, à quoi bon mourir si c'est pour se faire arnaquer comme un vulgaire assuré-maladie encore vivant ?

Mahmoud Ahmadinejad a donc fait exactement ce qu'on savait qu'il allait faire, dès lors que sa venue à la Conférence de l'ONU contre le racisme avait été annoncée : il a tenu un discours provocateur, au prétexte d'antisionisme. Et tout le monde en " Occident " de jouer les vierges effarouchées, et de dénoncer le " nouveau dérapage " du président iranien. Tu pales d'un dérapage : contrôlé, prémédité, et même annoncé, le dérapage… Ahmadinejad est en campagne électorale pour sa réélection, et l'Iran en campagne permanente (depuis mille ans) pour le leadership sur le " monde musulman ". Et quoi de plus tentant pour Iznogoud qu'une tribune onusienne pour faire parler de soi et de son califat ?

La Commission des travaux du Grand Conseil a approuvé (et propose au Grand Conseil d'approuver) un crédit de 109 millions pour la construction, prévue depuis quarante ans, du centre de détention psychiatrique " Curabilis ", dans les parages de Champ Dollon. Aucun membre de la commission ne s'est opposé au crédit, mais trois se sont abstenus : deux radicaux (dont l'un, Frédéric Hohl, trouve que " Curabilis " occupe trop d'espace -et alors ? il pourra toujours y installer une " fan zone "...) et un MCG. Et le mandat a été attribué à l'architecte qui avait été choisi il y a quarante ans, René Koechlin. A ceux qui contestaient cette attribution, un avis de droit a été présenté, pour la certifier. L'avis de droit a été rédigé par un avocat libéral, à la demande du département d'un Conseiller d'Etat libéral, pour attribuer un mandat à un architecte libéral.
Rassurez-nous : Curabilis n'est pas prévu pour n'héberger que des libéraux ?

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