Médecine à deux vitesses et en marche arrière

Une hausse moyenne de 10 % des cotisations d'assurance-maladie en 2010; des hausses pouvant aller, selon les caisses et les cantons, jusqu'à 500 francs de plus à paye, par assuré et par an : c'est ce que prévoit l'Office fédéral des assurances sociales (OFSP). On notera aussi, cerise sur le gâteau, cette proposition de l'Office fédéral de la santé publique : taxer tous les patients, avant chaque traitement, et à chaque consultation, d'une trentaine de francs pour inciter les malades à se rendre chez le pharmacien (où l'attend déjà sa franchise) avant de se rendre chez le médecin (où l'attendrait cette " taxe de consultation "). On rappellera enfin les menaces pesant sur les prestations de l'AI, les plans de " rationalisation " sévissant dans les hôpitaux, les entraves aux mesures de prévention des comportements à risques (de la clope à la malbouffe), et on aura décrit, dans les grandes lignes, ce qui se fait sous nos yeux : la perfection d'une " médecine à deux vitesses " qui se passent toutes deux en marche arrière.

Santé, conservation !
La hausse des coûts de la santé a vidé les caisses des assureurs (ils auraient, ensemble, perdu 800 millions de francs à fin 2008), et menacent de faire tomber leurs réserves moyennes sous le seuil légal des 11 %. Mais la disparité des situations selon les caisses et les cantons est considérable. Les hausses de primes envisagées, fortes en Valais et à Neuchâtel, très fortes à Berne, resteraient modestes à Genève, Frbourg, dans le canton de Vaud et dans le Jura. Genève, Zurich et Vaud ont contribué pour plus des trois quarts à la constitution des réserves des caisses, par l'accumulation de primes payées en trop pendant des années par les assurés, ce qui permettra d'y limiter les hausses de cotisations. Mais même dans ces cantons, on s'apprête à puiser dans le porte-monnaie des assurés, et à oublier, comme ailleurs, les belles, bonnes et rassurantes annonces opportunément faites juste avant le vote sur l'initiative populaire proposant l'instauration d'une caisse unique. Bref, en pleine crise économique, alors que le revenu disponible des personnes et des ménages stagne ou se réduit, et que le président de la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) prévoit que 75'000 personnes supplémentaires vont devoir recourir à l'aide sociale dans les trois prochaines années et ne pourront donc pas payer leurs primes d'assurance-maladie ; augmenter ces primes et donc réduire encore le revenu disponible, était certainement la dernière chose à faire -et c'est donc logiquement la première que le lobby des caisses (Santé Suisse) et ses relais politiques proposent de faire : " Toutes les pistes sont bonnes à explorer ", déclare le porte-parole du lobby. Toutes les pistes, surtout celles qui ne coûteront rien aux caisses mais taxeront les cotisants et les malades. Tout les dispositifs proposés depuis des années par les caisses et la droite concourent à dégrader la situation matérielle des patients les plus pauvres, qui sont souvent aussi les plus malades. Le système suisse d'assurance-maladie ne convient plus qu'à une seule catégorie de personnes : celles qui n'ont pas besoin d'assurance et qui ne sont pas malades.. Combien de temps et combien de hausses des primes, avant que la question d'une réforme complète du système, et de la constitution d'une véritable sécurité sociale, solidaire et fiscalisée, soit posée ?

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