Raison gardée

Pas de liste de l'AVIVO pour le Grand Conseil

L'AVIVO a décidé de ne pas présenter de liste à l'élection du Grand Conseil, cet automne. Et elle a bien fait. Le droit de l'AVIVO à présenter une liste électorale à quelque élection que ce soit était incontestable. Ce droit, l'AVIVO en jouit, comme en jouissent, exemples pris au hasard, l'ASLOCA, les syndicats de travailleurs, le WWF ou le RAAC. Mais du droit de présenter une liste à la nécessité, et même à l'utilité, de le faire, il y a tout l'espace d'un choix politique. Et celui de l'AVIVO de se lancer avec sa propre liste, dans la bataille électorale, et donc de se transformer objectivement en parti politique, aurait été une erreur. Saluer par avance la présentation d'une liste de l'AVIVO à l'élection du Grand Conseil, comme le fait le président du PS, était une position à courte vue, fondée sur un calcul électoral à court terme. L'entrée de l'AVIVO au Grand Conseil aurait peut-être permis un succès de la gauche dans six mois. Mais aussi un recul pour des années dans la défense des petites gens que l'AVIVO défend. Les " gens de peu " de cette République n'ont pas besoin d'un parti politique de plus, fût-il de gauche. Ils ont besoin d'une AVIVO forte, indépendante, capable de faire son travail d'AVIVO. Pas d'une AVIVO engluée dans les institutions politiques et y consumant ses forces.

Prenez gaaarde, à la vieille gaaarde...
Présenter une liste au Grand Conseil, avec évidemment pour objectif de réussir à y entrer et à y constituer un groupe parlementaire, pour ensuite assumer tout le travail parlementaire que cela suppose, des plénières aux commissions, des propositions aux représentations, de la législation à la présence tribunitienne, c'est se transformer en parti politique, qu'on le veuille, le dise et le revendique ou non. " Nous faisons en réalité plus peur à la droite qu'à la gauche ", affirme le président de l'AVIVO, Souhail Mouhana. Sans doute. Mais ces peurs ne sont pas les mêmes : la droite a peur de la force électorale de l'AVIVO, la gauche, elle, devrait avoir peur d'autre chose : de la transformation d'une organisation de défense sociale en parti politique. Transformation au terme de laquelle on a certes un parti politique de plus, mais surtout un mouvement social de moins. Or si on ne manque pas de partis politiques à Genève, tout particulièrement à gauche, il ne nous paraît pas qu'on soit en surplus d'organisations de défense des retraités, des invalides et des bénéficiaires de prestations sociales. L'AVIVO n'a même pas besoin de présenter une liste pour être représentée au Grand Conseil : des candidates et candidats la représentant, y exerçant des responsabilités, y militant, peuvent se présenter sur les listes des partis politiques existant, et l'AVIVO peut les soutenir, et faire en sorte qu'ils et elles soient élus. Elle sait le faire, et elle a les moyens de le faire Ainsi pourrait-elle conjuguer deux nécessités : celle d'être représentée, et entendue, au parlement, et celle d'être une organisation sociale d'autant plus efficace qu'elle sera indépendante des institutions politiques. Finalement, la métamorphose de l'AVIVO en parti politique n'aurait fait qu'un heureux : le Mouvement des Aînés.

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