Elections européennes : La sclérose au poing

Pour la septième fois, les citoyennes et les citoyens des Etats membres de l'Union Européenne élisaient, entre le 4 et le 7 juin, le Parlement européen. Et le résultat de ces élections est sans équivoque : une lourde défaite de la social-démocratie, à quelques exceptions nationales près (la Suède, la Grèce), un renforcement des droites conservatrices, une progression des Verts. Et qu'on ne tente pas de dévaluer ces résultats en brandissant le taux de participation : l'abstention a certes été importante (plus de la moitié de l'électorat, pour élire un parlement qui aura plus de pouvoir qu'auparavant), mais elle se situe à un niveau que les Suisses connaissent depuis des lustres -celui, habituel, des élections et des votations dans notre bonne vieille démocratie semi-directe... Les élections européennes sont certes encore perçues comme des élections de deuxième ordre par les citoyens des Etats membres, mais rien, bien au contraire, ne les empêchait d'y prendre part massivement pour en faire des votes de défiance à l'égard des équipes dirigeantes de leurs Etats. Ils ne l'ont pas fait, faute de savoir à qui accorder leur vote protestataire.

Apprendre d'une défaite
Les socialistes européens paient comptant leur incapacité à proposer et à incarner une alternative, et donc à mobiliser leur base électorale réelle, sans même évoquer leur base électorale potentielle. Les partis socialistes et sociaux-démocrates n'ont été perçus à peu près nulle part comme un recours contre la crise, ni comme porteurs d'un autre modèle de société. Que d'entre les vainqueurs, au moins relatifs, de ces élections, on retrouve Sarkozy, Merkel et Berlusconi a quelque chose d'exemplaire : ces trois figures de la droite européenne (le nain, la paroissienne et le bouffon) sont au pouvoir et n'y font (ou n'y disent faire) rien d'autre qu'appliquer de vieilles recettes social-démocrates (la relance par l'intervention massive de l'Etat), auxquelles les sociaux-démocrates, dans l'opposition (comme en France ou en Italie), au pouvoir (comme en Espagne ou en Grande-Bretagne) ou le cul entre deux chaises (comme en Allemagne), n'opposent que des critiques formelles ou des revendications quantitatives -comme si l'alternative à la gestion capitaliste de la crise se résumait à une surenchère sur les milliards à injecter dans l' " économie ". La gauche de la gauche ne fait d'ailleurs pas beaucoup mieux, à l'image de celle de France, qui, en cumulant les résultats de trois listes, n'arrive pas à égaler les résultats des listes du PS (alors qu'il réalise l'un des plus mauvais résultats de son histoire) et des Verts (qui font un score historique, et égalent pratiquement celui des socialistes). On doit pouvoir apprendre autant, sinon plus, d'une défaite que d'une victoire : les socialistes européens ont un sérieux examen de conscience politique à faire. Et de ce point de vue, les socialistes suisses ne sont pas moins européens que leurs voisins.

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