Jeu de l'avion dans le brouillard

Trois constructeurs européens en concurrence (féroce) pour vendre des avions de combat à la Suisse

La Suisse veut s'acheter de nouveaux zoulis navions de combat pour remplacer ses vieux " Tiger ", qui vont être retirés du service sans jamais avoir servi à grand chose. Trois constructeurs européens s'affrontent hors du regard public pour remporter un marché de 2 milliards et demi de francs (du moins si une initiative antimilitariste n'assèche pas le marché en question) : Saab veut vendre des Gripen, Dassault des Rafale, EADS des Eurofighters. Et tous les coups sont permis. A commencer par les coups bas, et à poursuivre par les coups tordus. Celui qui joue le plus gros dans l'affaire, c'est Saab : sa chaîne de production de " Gripen " pourrait être stoppée en 2012 faute de commandes. Du coup, Saab est aussi le plus actif, et a tenu des centaines de réunions en Suisse, avec des industriels, pour signer plusieurs dizaines d'accords de collaboration, dont un avec Pilatus.

DCA
Trois avionneurs tentent de convaincre la Suisse de s'offrir leurs coûteux tapis volants. Saab, qui fait le forcing pour placer ses Gripen à 80 millions pièce (c'est le moins cher des trois appareils en concurrence), s'était déjà livré au même forcing pour les vendre en Hongrie, en République tchèque et en Afrique du Sud. En graissant des pattes. Dassault, qui s'était livré à des pratiques semblables par le passé, s'appuie sur l'Etat français pour promouvoir son Rafale à 100 millions l'unité, par exemple en échange de contrats d'exportation de courant électrique français (et nucléaire) vers la Suisse, qui craint pour son approvisionnement. Quant à l'Eurofighter, lui aussi à 100 millions la pièce, il semble déjà hors course, par manque de fiabilité. De toute façon, il se pourrait bien que les démonstrations, les marchandages, les petites enveloppes, les gros contrats et les relais politiques ne servent pas à grand chose : non seulement une majorité parlementaire n'est pas forcément acquise à l'achat de nouveaux avions de combat en pleine période de crise, mais une initiative populaire des gâche-métiers du Groupe pour une Suisse sans Armée s'oppose à l'achat de nouveaux avions de combat. Et le GSSA exige ce qui, en démocratie, devrait être l'évidence (puisque c'est le seul moyen de lutter contre la corruption) mais qui, s'agissant de marchandages entre armée et armuriers, tient de l'impensable : qu'il soit mis fin à l'opacité des tractations et de la procédure de sélection, que le cahier des charges soumis aux avionneurs soit rendu public, ainsi que les résultats des évaluations et, vade retro satanas !, les moyens engagés par les candidats au marché pour l'emporter (budgets de promotion, effectifs, identité des lobbystes, rémunération des politiciens amis…). Exiger la transparence et la publicité des négociations avec des marchands d'armes ? Doutent de rien, les antimilitaristes...

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