21 juin : Fête de la musique. Et des réfugiés.

Le week-end de l'arrivée de l'été, celui du jour le plus long, est à Genève le week-end de la Fête de la Musique. Mais c'est aussi celui, samedi, de la Journée du réfugié, placée en Suisse sous le slogan " Les réfugiés ont besoin de protection, pas de préjugés ". Car la petite musique qu'on entend depuis des années dans ce pays, à chaque fois qu'il est question de l'asile, et des réfugiés, est de celle qui accompagnent les chasses à l'homme. Des millions d'humains sont dans le monde à la recherche d'un refuge. Moins d'un millième de cette population en exil arrive en Suisse, et y sollicite l'asile (16'606 demandes en 2008, soit 53% de plus qu'en 2007). En Suisse, le nombre de demandes d'asile déposées au premier trimestre 2009 (4938) est en recul (de 1317 demandes) par rapport au dernier trimestre 2008. Seules 14,3 % des demandes ont été acceptées en première instance.

Que la musique adoucisse nos mœurs…
23'000 personnes vivent en Suisse avec un statut de réfugiés. C'est en gros un tiers de pourcent de la population résidente de ce pays. Une paille dans une botte de foin, mais une épine dans le pied des épurateurs ethniques locaux. Et les propositions de révision de la loi sur l'asile se succèdent, allant toujours dans le même sens : la remise en cause du droit d'asile. Ce tropisme ne s'empare pas seulement de la Suisse officielle : toute l'Europe s'y met, se barricadant contre le reste du monde comme si des dispositifs légaux, des règlements, des raffles policières et des camps de transit avaient la moindre force de dissuasion contre des gens prêts à tout risquer, jusqu'à leur vie, pour nous rejoindre. Ce constat d'évidence est sans doute trop raisonnable pour convaincre les bâtisseurs de murailles xénophobes de l'inanité de l'exercice auquel ils se livrent depuis des décennies, et dont l'une des dernières manifestations en date est la proposition d'Eveline Widmer-Schlumpf d'exclure désormais que des demandes d'asile pussent être déposées dans les ambassades suisses. Elles n'étaient pourtant pas très nombreuses, et surtout pas très nombreuses à être acceptées (seules 8 % d'entre elles l'étaient), mais elles permettaient aux personnes dont la demande avait été acceptée de gagner la Suisse légalement, et sans utiliser les services de " passeurs " mafieux. A ceux-là, comme aux immigrants " économiques ", il ne restera que le passage clandestin de la frontière, l'entrée illégale, le séjour dans l'ombre. Vingt à trente millions de personnes sont en permanence en situation illégale dans les pays où ils résident., dont au moins trois millions en Europe. En Suisse, en 2005, ils étaient 100'000, dont une quinzaine de milliers dans le canton de Vaud et une dizaine de milliers dans celui de Genève. Dans nos rues, ce week-end, lors de la fête de la musique, nous les croiserons, sans les reconnaître : ils ne portent pas d'étiquettes " clandestins ". Ils nous ressemblent comme deux gouttes d'eau. Légalement ou non, ils sont chez nous. Ils sont des nôtres. Comme les réfugiés.

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