La récession : qu'en faire ?

C'est officiel : on est en crise…

C'est officiel : au cas où vous ne l'auriez pas remarqué : la Suisse est en récession, à peu près en même temps que les pays de la zone euro (où le recul du PIB a été de 2,5 % en un trimestre, de 4,6 % en un an). Selon les derniers chiffres du Secrétariat d'Etat à l'Economie (Seco), publiés le 2 juin, le produit intérieur brut réel de l'Helvétie a reculé de 0,8 % en trois mois (de janvier à mars 2009) par rapport au trimestre précédent, où il avait reculé de 0,6 % par rapport au trimestre précédent, qui avait été marqué par un recul de 0,2 % par rapport au trimestre précédent. Et comme le label "récession" n'est accordé à ses heureux bénéficiaires qu'après trois croissances trimestrielles négatives consécutives, ça y'est, c'est bon, on est en récession. Le recul du PIB constaté au premier trimestre 2009 est même le plus important depuis 1992, et le recul annuel (du premier trimestre 2008 au premier trimestre 2009) le plus important depuis trente-trois ans, c'est-à-dire depuis la grande crise pétrolière du milieu des années septante.

Relance à contre-sens
La crise économique que nous traversons n'est certes pas la première de l'histoire du capitalisme, ni n'en sera la dernière, le capitalisme fonctionnant à la crise pour se réformer (en faisant payer sa réforme par la société). Mais c'est la première qui se produit sur fond d'une autre crise, plus profonde, plus grave, plus durable, qui ne remet pas en cause un type d'économie, mais la survie même de l'espèce : la crise écologique. Or les politiques " anticycliques " de relance menacent d'aggraver encore cette crise écol,ogique, en relançant la consommation de biens dont la production et l'usage consument des ressources non-renouvelables, et dégradent profondément l'environnement. Certes, en ce moment, le capitalisme décroît. Par la crise. Mais cette décroissance est fugace, et tout est entrepris pour y mettre fin, alors que tout devrait être entrepris pour la maîtriser, l'utiliser et la conjuguer à des politiques de progrès social permettant l'amélioration des conditions de vie, actuellement insupportables, de la moitié de la population de la planète, au prix, tout relatif, d'une réduction des gaspillages commis par une toute petite minorité de l'autre moitié. Le terme des calculs économiques est court : il est donné par l'attente d'un " retour sur investissement " le plus rapide possible. Le terme des calculs politiques n'est pas plus long : en démocratie, il est donné par les échéances électorales (et hors d'un système démocratique, par la nécessité du renouvellement des équipes dirigeantes avant leur totale sénescence). Mais le terme des exigences écologiques est bien plus long : pour réparer les dégâts commis dans ces trente dernières années à l'écosystème, il faudra des siècles. Si on y arrive. C'est-à-dire si les décisions politiques et économiques qui permettent cette réparation sont prises : réduction de la production et de la consommation, réduction du temps de travail, réduction de l'écart des richesses, des revenus et des fortunes -or ce sont les décisions inverses qui sont prises pour " relancer " la machine économique" : travailler plus, pour gagner plus, pour pouvoir consommer plus et gaspiller plus longtemps…

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