Révision de la loi sur l'assurance chômage : Précariser les précaires

La crise s'installe, les licenciements se multiplient, le chômage augmente ? Le Conseil fédéral présente aux Chambres un projet de révision de la loi sur l'assurance-chômage réduisant les prestations, augmentant les cotisations et pénalisant les chômeurs, le tout dessinant une assurance-chômage qui n'assurerait pas grand monde, et pas longtemps, et aggraverait encore la précarité des groupes sociaux vivant déjà dans la précarité. A celles et ceux qui sont dans cette situation, le message est clair : le guichet qui vous est ouvert n'est pas celui de l'assurance-chômage, mais celui de l'assistance publique. Ou mieux encore, celui de la charité privée. Comme au bon vieux temps.

L'assurance d'être mal assuré
A celles et ceux qui, naïvement, croyaient que la fonction d'une assurance chômage était d'accorder aux chômeurs, tant qu'ils n'ont pas retrouvé un emploi et un salaire, les moyens de vivre à peu près " normalement ", le Conseil fédéral donne une réponse claire, en forme de démenti formel : l'assurance chômage a pour première fonction d'équilibrer ses comptes. Et très accessoirement, de retarder pour un temps, le plus bref possible, le passage à l'assistance publique. Que propose le Conseil fédéral ?
- une augmentation du temps de cotisation donnant droit à une indemnisation : il faudrait avoir cotisé (donc travaillé) plus longtemps pour être indemnisé moins longtemps;
- une réduction à quatre mois de la durée possible d'indemnisation pour les jeunes sans emploi ou sortant de formation, qui devront en outre attendre six mois avant de recevoir le premier centime d'indemnités;
- une prolongation du délai de carence (c'est-à-dire de chômage sans indemnité) pour presque toutes les catégories de chômeurs;
- les chômeurs de moins de 30 ans ne pourront plus refuser un emploi sans rapport avec leur formation : vous êtes ingénieur ? Devenez balayeur !
- une augmentation des cotisations…
Bref, pour " faire des économies ", on réduit les prestations au moment même où elles vont devenir plus nécessaires pour un plus grand nombre de salariés privés de leur emploi pour sauvegarder les cours boursiers des entreprises qui les employaient (depuis trente ans, la même règle est manifeste : quand une entreprise licencie, les cours de ses actions montent, et plus on licencie, mieux les actionnaires se portent). Et ce sont les catégories de travailleuses et de travailleurs déjà les plus précarisées qui sont les plus directement frappées par les propositions du gouvernement. Notez bien que ce sont aussi ces catégories-là qui importent électoralement le moins, soit parce qu'elles ne disposent pas des droits politiques, soit parce qu'elles ne les exercent pas. Et le premier qui suggère que ceci explique cela a mauvais esprit.

Commentaires

Articles les plus consultés