La Suisse dans l'Europe ou à sa traîne ?

Un " Manifeste pour l'Europe "

Le " Club Helvétique " (qui se donne pour but de nourrir le débat politique suisse et de proposer la réforme, dans un sens démocratique et progressiste, des institutions de la Confédération) a publié un " Manifeste pour l'Europe " (et pour l'adhésion de la Suisse à l'Union Européenne) qui fait, ou refait, utilement, quelques constats d'évidence et en tire quelques conclusions, politiquement moins consensuelles (pour user d'un euphémisme) mais qui devraient n'être pas moins évidentes : Les " bilatérale " sont arrivées au terme de leur très relative efficacité; non seulement elles ne garantissent plus l'indépendance du pays, mais elles finissent par y attenter plus profondément qu'une adhésion, puisqu'elles placent la Suisse dans la situation de devoir appliquer mécaniquement des décisions européennes à la prise desquelles elle n'a aucune part…

La Suisse, demi-portion européenne
" Tout le monde parle des bilatérales. Nous parlons adhésion " : le " Club Helvétique " se place d'emblée à contre-courant politique (si courant il y a encore dans ce qui a de plus en plus, s'agissant du débat européen, l'aspect d'un marigot d'eau stagnante). Et cette position repose sur des évidences, à commencer par celle-ci : pour la première fois depuis qu'elle existe, ou qu'on nous dit qu'elle existe, la Suisse n'a que des alliés pour voisins, et aucun de ses voisins ne la menace. Et elle n'y est pour rien : si " de toute son histoire, la Suisse n'a jamais eu de si bon voisinage ", c'est à l'unification européenne qu'elle le doit. Ensuite, cette deuxième évidence : le statut obtenu par la Suisse grâce aux " bilatérales " est un statut de mineur, de demi-portion politique, qui la conduit à reprendre automatiquement (tout en faisant mine de l'avoir choisi) des décisions européennes prises sans elles, au terme de débats auquel elle ne peut prendre part, puisqu'elle n'est pas membre de la communauté qui prend ces décisions. La Suisse a bien moins de poids dans ce processus que n'en ont le Luxembourg, Malte ou Chypre. Parce que le Luxembourg, Malte et Chypre sont membres de l'Union Européenne, et pas la Suisse. Résultat ? Au nom de la préservation de la démocratie directe, cette démocratie est totalement vidée de sa substance, et ne peut plus s'exercer sur les décisions les plus importantes, puisqu'elles sont prises hors d'atteinte de la Suisse, et sans la Suisse -à Bruxelles ou à Strasbourg, pas à Berne. De ce point de vue, une adhésion à l'Union Européenne ne permettrait pas seulement à la Suisse de prendre part à des décisions qu'elles est déjà contrainte, par le seul poids des rapports de force politiques et économiques, de suivre (genre " cassis de Dijon "), mais elle la forcerait à se doter de nouveaux instruments démocratiques (référendum constructif, initiative législative, votes populaires sur l'application des directives européennes, ou sur des prises de position fondamentales), liés au pouvoir de décision que la Suisse acquérrait en tant que membre de l'UE. Un pouvoir de décision que la majorité politique et la majorité populaire de ce pays se refusent à acquérir. Parce qu'elles ne sauraient pas quoi en faire ?

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