Elections cantonales genevoises : La gauche de la gauche toujours aussi gauche

Le 11 octobre prochain, Genève renouvellera son parlement. Et un mois plus tard, son gouvernement. Les fronts politiques se sont constitués, les partis se sont apparentés, Entente contre Alternative, la politique routinière haïssant les mouvements qui déplacent les lignes. Quoique... A gauche de la gauche, si SolidaritéS et le Parti du Travail font liste commune, les Indépendants font liste à part. Tellement Indépendants, d'ailleurs, qu'ils sont désormais indépendants de la gauche elle-même : la liste N° 8 (" Défense des aînés, des locataires, de l'emploi et du social ") ne se définit même plus comme une liste de gauche, et n'a donc, fort logiquement, sollicité aucun apparentement avec les autres forces politiques de son vivier originel.

La conjugaison des égos
On espérait qu'à gauche de la gauche genevoise, les erreurs et les échecs d'il y a quatre ans pouvaient avoir eu quelque vertu pédagogique, et inciter les diverses composantes de cette parcelle du champ politique qui se dit " à gauche du PS " à rassembler leurs forces pour pouvoir franchir sans encombre l'obstacle, certes imbécile mais électoralement incontournable, du quorum (de 7 % des suffrages exprimés). Pour une " mouvance " qui, toutes tendances confondues, y compris celle qui plus souvent qu'à son tour cède à la social-xénophobie vindicative, rassemble peu ou prou 15 % de l'électorat, l'exercice ne semblait pas hors de portée… Las ! Si SolidaritéS et le Parti du Travail ont réussi à produire une liste commune pour le Grand Conseil, les Indépendants ont lancé leur propre liste (" Défense des aînés, des locataires, de l'emploi et du social " : qui a-t-on oublié ? les frontaliers, sans doute…) après avoir refusé les strapontins que SolidaritéS et le PdT leur concédaient princièrement à condition que les candidats " indépendants " ainsi hébergés soient parrainés par l'une des deux organisations et lui rendent des comptes, ce qui était un tantinet contradictoire de l'indépendance des " Indépendants ". En clair : SolidaritéS et le PdT refusaient de considérer les Indépendants comme la composante à part entière d'une alliance, et les Indépendants refusaient de sacrifier quoi que ce soit de leur indépendance à la nécessité de concentrer les forces de la " gauche de la gauche ". On n'est donc pas encore préservés du même effet arithmétique qu'il y a quatre ans : L'exclusion de 15 % de l'électorat de la répartition des sièges au Grand Conseil… et l'octroi au PS du titre envié de " parti le plus à gauche du parlement "… faute de concurrence. Commentant la scissiparité compulsive de ce qui au siècle dernier put se désigner comme " Alliance de Gauche " Le Courrier titre sur " le risque de l'impasse politique ". Le risque, vraiment, ou le choix délibéré de plutôt échouer séparément que réussir ensemble ? La gauche aura ainsi mis un peu plus de deux siècles pour passer de la conjuration des égaux à la conjugaison des égos…

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