En ce 1er Vendémiaire, premier jour de l'an…
Bonne, heureuse et combattive nouvelle année de crise !

30'000 personnes ont manifesté à Berne, clamant " nous ne voulons pas payer votre crise " et exigeant que soient garantis les emplois, les salaires et les rentes. Une manif' nationale de 30'000 personnes, en Suisse, ça faisait des dizaines d'années qu'on n'en avait plus vu -et ça équivaut à une manif' nationale de 300'000 personnes en France (ou de six millions de personnes en Chine, si on y avait la possibilité de manifester librement). L'année républicaine se termine donc sur une mobilisation des victimes de la crise et des organisations s'exprimant en leur nom. Mais que sortira-t-il de cette mobilisation ? Alors que les collectivités publiques et la BNS ont balancé des milliards dans l'UBS pour boucher les trous creusés par ses glorieux dirigeants, le Conseil national a vidé le programme conjoncturel de sa substance, et les majorités politiques fédérale et cantonales s'acharnent contre les assurances sociales... Alors on veut bien vous souhaiter à toutes et tous une bonne et heureuse année -mais il convient surtout de nous la souhaiter, à tous, et d'en faire, par tous, la plus combattive possible...

Relance, vous avez dit relance ?
Le syndicat des services publics de Genève a lancé un appel dont le titre est prometteur : " Manifester durant notre temps libre, c'est bien, mais lever le pied pendant le temps de travail, c'est mieux ". L'appel demande aux syndicats d'organiser cet hiver une journée nationale de grève, " sur le modèle de la grèves des femmes de 1991 ", pour que les travailleurs ne payent pas la crise... Soit, mais pour que les travailleurs " ne payent pas la crise ", ce ne sont pas des plans de " relance " qui sont nécessaires, mais des plans de changement ". Qui ne peuvent être ni conçus, ni mis en oeuvre par les forces économiques et les puissances politiques qui depuis des mois oeuvrent au colmatage des brèches ouvertes dans le capitalisme par sa propre crise. Peuvent-ils l'être par les forces politiques et syndicales de gauche, qui exigent des " plans de relance " ? Le G20 de Londres, le 2 avril, s'était terminé par l'annonce à grands coups de trompettes médiatiques d'un " nouvel ordre mondial " pour " faire face au plus grand défi auquel fait face l'économie mondiale dans les temps modernes ". Les dirigeants du G20 ont donc décidé de tripler les ressources du Fonds monétaire international, de l'autoriser à émettre des Droits de tirage spéciaux et à vendre de l'or, le tout pour 1100 milliards de dollars, auxquels s'ajoutent 250 millions pour soutenir le commerce international. Tout cela pour relancer une machine nuisible, sans rien remettre en cause ni de son fonctionnement (à quelques détails près), ni de ses finalités. De tels plans de relance (internationaux, nationaux ou régionaux) n'ont dans le meilleur des cas pas de sens, et dans le pire des cas le sens d'un remède aggravant le mal. Ils relancent ce qu'il conviendrait de freiner (la consommation et le gaspillage), et la consommation qu'ils relancent est la consommation de marchandises qui ne sont pas produites dans l'espace politique qui finance le plan de relance : le pouvoir d'achat que ces plans maintiennent ou accroissent se traduit essentiellement par l'achat de marchandises importées. Pour le dire plus clairement : les plans de relance de la Suisse financent la relance de la production dans les zones franches chinoises. C'est malin.

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