A quatre jours de la gueule de bois…

Il est aujourd'hui difficile d'ignorer que le Conseil administratif de la Ville a pris position contre la grande braderie fiscale concoctée par les majorités politiques qui nous gouvernent et légifèrent en notre nom, et qui fera perdre chaque année à la Ville à peu près l'équivalent de ce que lui coûte le Grand Théâtre... Celles et ceux qui l'ignoraient encore auront appris la position de la Ville grâce à deux députés libéraux, et à une cinquantaine de Conseillers municipaux de la Ville, qui, en se dressant comme un seul contribuable de la classe moyenne supérieure contre l'exécutif municipal, auront donné à sa prise de position un écho que n'auraient certes pas permis les misérables 70'000 francs que l'exécutif avait prévu de consacrer à sa publicité... ça ne changera sans doute pas le résultat, acquis d'avance, mais ça aura au moins permis d'avoir fait entendre, sur la fiscalité, un discours de gauche, avant un vote de droite.

Champ, contre-champ, hors champ
La contre-réforme fiscale proposée à Genève par la droite et les Verts, et que ses fauteurs présentent comme un " allègement " profitant aux " classes moyennes " et aux familles, ne profitera réellement qu'à la frange supérieure de ces improbables " classes moyennes ", et surtout aux contribuables disposant des revenus et de la fortune les plus élevés. Au passage, elle abolit le système de déductions fiscales le plus juste qui ait été conçu, celui du " rabais d'impôt ", dispositif simple, efficace et équitable (puisque le rabais était le même pour tous les contribuables, et qu'il était donc plus important, proportionnellement à leurs ressources, pour les plus pauvres que pour les plus riches). Toutes qualités qui étaient des défauts pour la droite, qui n'a eu de cesse de vouloir le remplacer par ce qu'il avait lui-même remplacé : un système alambiqué de déductions qui favorisent mécaniquement les hauts revenus. Résultat des courses : plus du tiers des contribuables ne verront pas leurs impôts diminuer… Même le splitting (la division par deux du revenu imposable du couple pour déterminer le revenu imposable de chacun des conjoints), pourtant la mesure la plus acceptable du " paquet fiscal ", est socialement exclusif : il ne favorisera qu'un peu plus du quart des contribuables dans les tranches des plus de 50'000 francs imposables, mais 79 % des contribuables dans la tranche des plus de 200'000 francs imposables... Ajoutez à cela le " bouclier fiscal " (plafonnement du taux d'impôt) sur le revenu et la fortune, et c'est ainsi que la baisse d'impôt promise " pour les classes moyennes et les familles " se résorbera en une baise (bien profond) desdites " classes moyennes "* et de leurs familles par ceux qui ne cessent de compter, à raison, sur leur crédulité et sur leur peur des classes dangereuses.

* Le revenu moyen et le revenu médian genevois se situent entre 65'000 et 70'000 francs par an. Mais pour les organiseurs de la grande braderie fiscale, avec un revenu de 200'000 francs par an, on fait encore partie de la classe moyenne. Ce qui, si les mots ont en sens nous mettrait les gens qui disposent de 100'000 francs par an dans la catégorie des " pauvres "... Mais alors, ceux qui ont un revenu de 35'000 francs, on les met où, dans quelle catégorie ? les Misérables ? Même pas : ils sont carrément hors-champ.

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