Après la braderie fiscale, l'équarrissage budgétaire ?

Comment se faire avoir jusqu'au trognon...

Il ne s'est pas passé trois jours après le vote par le bon peuple des cadeaux fiscaux qui lui étaient promis, pour que les plus ardents partisans de ces cadeaux (qui se trouvent être aussi les plus cohérents porte-paroles de leurs principaux destinataires : les contribuables à gros revenus et à grosse fortune) entament la deuxième partie de leur programme de vidange budgétaire. Il leur avait fallu l'aide des Verts pour faire passer les réductions d'impôts -ils n'ont plus besoin de ces alliés, qu'on peut, après distribution des primes électorales, congédier comme des porteurs d'eau pour s'attaquer sans eux au budget du canton (et à ceux de la Ville et des communes, mais là, les porteurs d'eau peuvent encore être utiles). De toute façon, les réductions d'impôts promises aux " classes moyennes " seront bouffées par les hausses de cotisations à l'assurance maladie -et si ça ne devait pas suffire à rendre parfaitement illusoire les promesses fiscales de la droite et des Verts, la hausse des tarifs des transports publics fera le reste : on vous promettait des disponibilités financières supplémentaires ? pour la majorité des contribuables, elles paieront partiellement les hausses de primes et de tarifs, et les baisses de prestations.

Chiche ?
Deux jours après l'exécutif de la Ville, celui du canton a présenté son projet de budget. Favorable aux baisses d'impôts, le Conseil d'Etat les a intégrées dans son projet et prévoit un déficit de 365 millions de francs, équivalant en gros à la perte de ressources fiscales qu'entraînera la baisse d'impôts. En clair : sans cette baisse, le budget cantonal serait équilibré. Et les budgets des communes se porteraient beaucoup mieux. Pour assumer le déficit budgétaire, le Conseil d'Etat s'est appuyé sur une réserve conjoncturelle, dont, avant le vote des cadeaux fiscaux, les libéraux admettaient, et dont, après le vote ils n'admettent plus, qu'elle soit utilisée à ce pourquoi elle a été constituée : répondre aux soubresauts de la conjoncture. Pour les libéraux, le projet de budget du Conseil d'Etat est " illégal ", et des coupes de 80 millions doivent être opérées. sous menace de recours au mécanisme du " frein à l'endettement ". Pour ceux qui se sont, vainement, et assez solitairement, opposés à la braderie fiscale du 27 septembre, c'est-à-dire essentiellement les socialistes et la Ville de Genève, la démarche libérale n'est qu'une confirmation de ce qu'était réellement cette braderie : un élément ponctuel de campagne électorale, un moyen structurel de réduction des prestations publiques. Le " bouclier fiscal " instauré par la droite et les Verts n'était donc, constatent les socialistes, qu'un moyen pour démolir le bouclier social. Qu'on se rassure : ceux qui devraient rendre des comptes pour avoir participé à cette opération trouveront bien le moyen de se défiler. Ils ont d'ailleurs déjà commencé à le faire en égrenant quelques échappatoires. " on a limité les dégats ", se justifient les uns; vous n'avez qu'à augmenter les impôts municipaux pour compenser la baisse des impôts cantonaux, recommandent les autres. Chiche ? En Ville de Genève, trois centimes additionnels de plus, vous êtes d'accord ? ou alors, on coupe la subvention au Grand Théâtre, on supprime la gratuité des musées et des bibliothèques pour les habitants des autres communes, et on réduit le temps de travail de la fonction publique municipale à 35 heures, sans réduction des bas salaires mais avec réduction des salaires supérieurs à la médiane ? Chiche, toujours ?

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