Des prisons comme s'il en pleuvait

Le Conseil d'Etat relance la construction

86 places de plus à Champ-Dollon, 150 de plus à la Brenaz, une prison psychiatrique de 92 places (Curabilis), et une nouvelle prison de 350 places à Champ-Dollon, en plus de l'actuelle : d'ici à 2017, le nombre de places de détention aura plus que doublé à Genève ; il y a 500 détenus à Champ-Dollon aujourd'hui, il y en aura un millier dans dix ans si les pulsions geôlières du gouvernement sont suivies d'effet. Et ça ne sera, évidemment, qu'un début. Parce que si l'histoire des prisons, ici comme partout ailleurs, nous enseigne quelque chose, c'est bien ceci : quand on construit une prison, on la remplit, quand on remplit une prison, on ne s'arrête de la remplir que quand elle déborde et qu'on en a ouvert une autre, qu'on remplira comme les précédentes, la nature carcérale ayant horreur du vide. " Il ne faut pas construire dans le but d'augmenter le taux de personnes incarcérées ", se défend, bêtement, le Conseil d'Etat. Augmenter le nombre de personnes incarcérées, c'est pourtant toujours le résultat qu'on obtient en construisant de nouvelles prisons, sans fermer les anciennes. Mark Muller souligne, tout fier, que " le domaine pénitentiaire est l'un de ceux où (le Conseil d'Etat) a le plus oeuvré durant cette législature ". On a les bilans qu'on mérite.

Huntsville sur Rhône
Genève se distingue déjà par sa propension pulsionnelle à user de la détention préventive (elle est championne de Suisse en cette douteuse matière), en sus de condamnations plus fréquentes qu'ailleurs à des peines privatives de liberté Huntsville sur Rhône
Genève se distingue déjà par sa propension pulsionnelle à user de la détention préventive (elle est championne de Suisse en cette douteuse matière), en sus de condamnations plus fréquentes qu'ailleurs à des peines privatives de liberté (assorties ou non du sursis). Tous régimes et établissements confondus, Genève a donc, en Suisse, la plus forte proportion de détenus par rapport à sa population. On n'en est certes pas (encore) à la situation que connaissent les Etats-Unis, où près d'un habitant sur cent est incarcéré quelque part à un titre ou un autre, mais on en est déjà au double de la moyenne suisse (un détenu pour mille habitant). Ce bel effort méritait sans doute d'être salué et poursuivi par notre gouvernement de centre (pénitentiaire)-gauche. Qui nous propose donc d'implanter du côté de Puplinge et de Thônex une véritable cité de plus de 1000 prisonniers, et à peu autant d'employés pour les surveiller, les encadrer, les soigner, les occuper, les nourrir et assurer le fonctionnement de la prison, à l'image de ces idylliques cités carcérales où la majorité de la population est formée de détenus, d'employés de la prison, de policiers et de leurs familles. On va donc à Genève multiplier les geôles, puis les bourrer. Sans que cet exercice imbécile et coûteux (au moins 240 millions de francs d'investissements, plus une cinquantaine de millions annuels de frais de fonctionnement) ait le moindre effet positif sur le niveau de sécurité ou d'insécurité publique. Le 12 janvier dernier, " Le Monde " publiait une contribution collective, signée notamment par Daniel Cohn-Bendit, Nancy Huston, Albert Jacquard et Bertrand Tavernier " La meilleure façon de mettre un terme à la surpopulation carcérale (...) consiste à n'installer qu'une personne là où il n'y a qu'une place* et de ne pas déroger. Nous avons dit la meilleure façon et, tout aussi affirmatifs, nous disons la seule (...) ". Et d'ajouter : " Force est de constater qu'en prison, et concernant la surpopulation, nous atteignons le degré zéro de la démocratie : les rapports accablent dans le désert, les associations colloquent dans le vide, les médias informent en rond, l'administration pénitentiaire n'en peut plus et les politiques affichent tous les signes de l'impuissance ". En ajoutant à l'impuissance : la démagogie de la droite et l'abdication de la gauche, le décor français est aussi le décor genevois.
(assorties ou non du sursis). Tous régimes et établissements confondus, Genève a donc, en Suisse, la plus forte proportion de détenus par rapport à sa population. On n'en est certes pas (encore) à la situation que connaissent les Etats-Unis, où près d'un habitant sur cent est incarcéré quelque part à un titre ou un autre, mais on en est déjà au double de la moyenne suisse (un détenu pour mille habitant). Ce bel effort méritait sans doute d'être salué et poursuivi par notre gouvernement de centre (pénitentiaire)-gauche. Qui nous propose donc d'implanter du côté de Puplinge et de Thônex une véritable cité de plus de 1000 prisonniers, et à peu autant d'employés pour les surveiller, les encadrer, les soigner, les occuper, les nourrir et assurer le fonctionnement de la prison, à l'image de ces idylliques cités carcérales où la majorité de la population est formée de détenus, d'employés de la prison, de policiers et de leurs familles. On va donc à Genève multiplier les geôles, puis les bourrer. Sans que cet exercice imbécile et coûteux (au moins 240 millions de francs d'investissements, plus une cinquantaine de millions annuels de frais de fonctionnement) ait le moindre effet positif sur le niveau de sécurité ou d'insécurité publique. Le 12 janvier dernier, " Le Monde " publiait une contribution collective, signée notamment par Daniel Cohn-Bendit, Nancy Huston, Albert Jacquard et Bertrand Tavernier " La meilleure façon de mettre un terme à la surpopulation carcérale (...) consiste à n'installer qu'une personne là où il n'y a qu'une place* et de ne pas déroger. Nous avons dit la meilleure façon et, tout aussi affirmatifs, nous disons la seule (...) ". Et d'ajouter : " Force est de constater qu'en prison, et concernant la surpopulation, nous atteignons le degré zéro de la démocratie : les rapports accablent dans le désert, les associations colloquent dans le vide, les médias informent en rond, l'administration pénitentiaire n'en peut plus et les politiques affichent tous les signes de l'impuissance ". En ajoutant à l'impuissance : la démagogie de la droite et l'abdication de la gauche, le décor français est aussi le décor genevois.

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