Election du Conseil d'Etat : le choix socialiste

L'opposition ou la disparition
Le Parti socialiste genevois n'est certes pas le plus grand perdant des élections au Grand Conseil (les libéraux ont perdu plus que lui, et tous les partis, à l'exception des Verts, ont fait les frais de la percée du MCG), mais il est sans doute le plus grand perdant de la législature qui s'achève. Il est donc le seul à devoir se poser la question d'un véritable changement de stratégie. Il est le perdant de cette législature, parce qu'il s'est retrouvé dans la situation impossible d'être à la fois impliqué dans la politique menée par un gouvernement auquel il participe, et dans l'opposition à cette politique. Le PS paie au prix fort sa participation à une majorité gouvernementale théoriquement (très théoriquement…) de " centre-gauche ", mais contrainte, par une majorité parlementaire de droite ou par le virage à droite des Verts, à mener une politique dont les attributs de gauche sont indiscernables. Sa présence gouvernementale a donc eu, pour la droite, une utilité, et une seule : l'empêcher de jouer pleinement la carte de l'opposition. Et pour le PS, au fond, le choix est simple : il est entre l'opposition et une lente et régulière érosion, le menant à disparaître en tant que force politique de gauche, et à ne plus subsister que comme partenaire mineur d'un grand centre mou allant de lui au PDC en passant par les Verts. Une sorte de marigot dans le marais, quoi.

Sortir ou se faire sortir ?
Le PS est donc, depuis hier, la gauche parlementaire genevoise à lui tout seul. La gauche, et même l'extrême-gauche. A la gauche du PS, au Grand Conseil, il n'y a plus aujourd'hui que la Salle des Pas Perdus. La gauche, à Genève, en 2009, c'est d'abord, que nos camarades de solidaritéS et du PdT le veuillent et l'admettent ou non, le PS -le PS tel qu'il est, les socialistes tels qu'ils sont, et non tels que d'autres les voudraient ou que nous-mêmes les rêvons. C'est donc le choix des socialistes de continuer ou non à cultiver l'illusion de l'existence d'un " gouvernement de gauche " et de persister à y rester, qui va être déterminant pour toute la gauche genevoise. Or vu la majorité parlementaire sortie des urnes de dimanche, il vaudrait mieux pour le PS (et pour la gauche en général) que le Conseil d'Etat se passe de socialistes et que le PS se passe de Conseil d'Etat pendant quatre ans, le temps de se refaire une santé, une ligne, une cohérence et une crédibilité. Pour le PS, ce passage dans l'opposition n'est pas une panacée, mais une condition. Etre dans l'opposition résoudrait pas, en soi, tous nos problèmes. Et nous en créerait même de nouveaux. Mais ce passage périlleux est à nouveau, comme il le fut en 1993, une condition de la reconquête d'un espace politique et social perdu, et donc d'un électorat et d'une bases sociales perdues, non au bénéfice d'autres forces de gauche, mais, comme régulièrement en périodes de crises, au profit d'une force politique se nourrissant de la crise elle-même. En douze ans (de 1997 à 2009), le PS a perdu à peu près le tiers de son électorat, et cette déperdition constante coïncide avec son retour au Conseil d'Etat, après quatre ans d'une opposition certes contrainte (elle était le fruit d'une défaite électorale), mais néanmoins fructueuse. Ce qui se joue aujourd'hui est du même ordre que ce qui s'est joué en 1993. Mais avec une possibilité supplémentaire : celle de choisir délibérément l'opposition, plutôt que d'y être contraints par une nouvelle défaite, aujourd'hui ou dans quatre ans.

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