PS, Conseil d'Etat : Le mol désir de rester, le dur devoir de partir

On s'est beaucoup gaussé ici de l'incompétence tactique et stratégique de la " gauche de la gauche ". Mais finalement, à bien y regarder, le PS lui ressemble beaucoup plus qu'il l'admet, à cette gauche très gauche : Chez nous non plus, on ne change pas une stratégie qui perd. Depuis 1997, à chaque élection cantonale, le PS perd entre 10 et 35 % de son électorat et de ses sièges au Grand Conseil, pour arriver, aujourd'hui, à moins de 13 % des suffrages. Et à 15 % des sièges grâce à l'aide désintéressée d'un ancien Conseiller d'Etat socialiste, dont la liste, en empêchant celle de solidaritéS et du PDT d'obtenir le quorum, a fait cadeau aux socialistes de deux sièges de députés que leur score électoral ne leur aurait pas permis d'obtenir. Le choix que le Comité directeur du PS proposait à l'Assemblée générale de ce soir de confirmer, c'est de rester dans la position où il est depuis douze ans : un pied au gouvernement, un pied dans l'opposition. Un choix dont les fruits sont, pour le PS, en douze ans : la perte de 40 % de son électorat et d'un tiers de sa députation.

Chemin de croix semé de roses
La question, aujourd'hui, n'est pas de savoir si le PS peut garder ses deux sièges au Conseil d'Etat. Il le peut : le système électoral, et la logique des blocs électoraux, jouent en sa faveur. Mais avec deux socialistes élus au Conseil d'Etat en novembre, nous devrons nous préparer à avoir, pour ultime perspective, la même promenade mélancolique que les radicaux : perdre un, deux ou trois pourcent à chaque élection, tomber sous la barre des 10 % (le PS est à moins de trois points au-dessus) et commencer à distinguer, au bout du chemin de croix, la fameuse " barre du quorum " -on a les crucifix qu'on peut, mais sans aucune promesse de résurrection. On n'a pas à se demander si le PS peut rester au gouvernement, mais pourquoi il le devrait. Pour " résister " au " fascisme " qui monte ? Mais depuis douze ans, deux socialistes siègent au Conseil d'Etat, et on ne voit pas que cela (ni d'ailleurs la présence de deux Verts dans le même gouvernement) ait empêché en quoi que ce soit le MCG (ni, avant lui, l'UDC) de progresser. Au contraire. Et on ne résistera pas à la xénophobie et au racisme en participant à un gouvernement qui va construire des prisons pour étrangers et appliquera la loi anti-mendiants, ou plutôt anti-Rroms. Quant à participer au Conseil d'Etat pour limiter des dégâts commis par un parlement de droite, là encore on rappellera que c'est ce que les socialistes ont fait pendant les quatre dernières années au gouvernement genevois. Résultat : le parlement élu au terme de ces quatre ans de " limitation des dégâts " est encore plus à droite que le précédent, qui était déjà le plus à droite que Genève ait connu depuis 1941. Les choses sont finalement assez simples : puisque le PS ne choisit pas lui-même, aujourd'hui, de passer réellement dans l'opposition, ce sont les citoyennes et les citoyens qui pourraient l'y contraindre demain - quand il n'aura plus les moyens de faire ce travail d'opposition, qui, à Genève, aujourd'hui, est celui d'un parti socialiste. Et que le PS est seul à pouvoir faire. Renoncer à l'opposition, c'est peut-être, pour un temps, rester un parti. Mais un parti socialiste ?.

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