Travailleurs sans papiers : Du gris au noir

Le Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT) dénonce la confusion entretenue par le Conseil d'Etat, et plus particulièrement François Longchamp, entre travail au noir et travail sans permis, dans la liste des entreprises interdites d'accès aux marchés publics à Genève pour avoir enfreint le loi. Pour le syndicat, cette confusion, bien dans l'air xénophobe (et électoral) du temps, entre travail " au noir " (non déclaré aux assurances sociales et aux impôts) et travail " au gris " (déclaré, les travailleurs payant impôts et cotisations sociales) est calamiteuse pour les travailleurs sans permis, dont elle provoque le licenciement, et le passage " au noir " puisque ces travailleurs n'ont pas droit au chômage, alors qu'ils ont payé les cotisations de l'assurance-chômage. La répression du travail " au gris" fabrique ainsi du travail " au noir ", et des travailleurs clandestins. Quelqu'un doit bien gagner quelque chose à cet exercice imbécile..

40 millions pour des prunes
Il y a au moins 90'000 " sans-papiers " en Suisse (120'000 selon le SIT), dont 20'000 à Zurich. emtre 12 et 15'000 dans le canton de Vaud, entre 8 et 12'000 à Genève, 5000 à Bâle-Ville. Le 1er janvier 2008 est entrée en vigueur en Suisse une loi sur le travail au noir, présentée comme un instrument de lutte contre l'emploi non déclaré, mais qui représente aussi une menace pour les travailleuses et les travailleurs " au gris " qui paient directement, eux-mêmes, les cotisations aux assurances sociales comme s'ils étaient des " indépendants ".. Ce sont ces travailleurs qu'une répression assimilant leur travail " au gris " à du travail " au noir " menace, précisément d'être traités comme des travailleurs " au noir ". Et donc, s'ils sont ressortissants de pays non concernés par les accords de libre-circulation, d'être expulsés de Suisse. Or, selon l'Office fédéral des migrations, qui n'est pas trop mal placé pour le savoir, le coût moyen de l'expulsion d'un étranger en situation illégale s'élève (au moins) à 40'000 francs par tête. Les étrangers en situation illégale qui ne quittent pas la Suisse de leur plein gré sont d'abord emprisonnés, puis expulsés par la route ou les airs. Le coût d'une expulsion par avion s'élève à 4700 francs par expulsion, et en 2007 l'ODM a dépensé plus de deux millions de francs uniquement en frais d'avion. A quoi s'ajoutent le coût de détention (au moins 300 francs par jour et par détenu, la durée moyenne de la détention avant expulsion s'élevant dans le canton de Vaud à 42 jours), plus les frais administratifs, policiers et judiciaires. Environ 500 personnes ont été expulsées en 2007, soit un coût total de 40 millions de francs pour appliquer des mesures inefficaces (nombre d'expulsés reviendront : sur quatre personnes expulsées par le canton de Vaud, trois sont revenues-, et on n'expulsera jamais tous les " illégaux "), et discriminatoires (on n'expulse pas n'importe quels étrangers, mais seulement les ressortissants de certains Etats -asiatiques, africains, sud-américains et est-européens). Bref, c'est 40 millions foutus en l'air. Le prix d'une xénophobie d'Etat qui sanctionne bien plus durement les travailleuses et travailleurs étrangers au noir ou au gris que les patrons indigènes qui trouvent profit à les employer.

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