Election du Conseil d'Etat : Gloria à sept
Dis Monsieur, dessine moi un oiseau…
La gauche doit-elle ou non s'engager pour quatre ans, majoritairement ou minoritairement, dans un gouvernement confronté au parlement le plus à droite de l'histoire de la République depuis la Guerre Mondiale ? Le PS a décidé que oui. Il est soutenu dans cette décision par les Verts, le Parti du Travail, les « indépendants » (l'ex-liste N° 8) et, « objectivement », les Communistes. Jouons donc le jeu puisqu'il apparaît que ce doit être le nôtre, et, en bons militants et électeurs disciplinés, formons le meilleur gouvernement possible avec les candidatures qu'on a sous la plume, en remplissant notre bulletin de vote comme on dessine un oiseau (sans savoir s’il sera capable de voler) : une aile droite avec les deux candidatures vertes; une aile gauche, avec les trois candidatures communistes; un corps avec les deux candidatures socialistes. Le compte est bon, on en a sept, comme un Gloria monteverdien. Et on pourra même compléter le dessin en convoquant le Prophète pour faire le bec (la Chancellerie d'Etat, puisque Boucle d'Or s'en va) et le Bouffon pour faire le croupion (comme Procureur Général à la place de Zavatta, personne ne verra la différence).
Résistons taine et tonton
Pour justifier son refus de passer volontairement dans l'opposition sans attendre d'y être contraint par les électeurs, proposition qui nous valut d'être promptement expédiés dans les ténèbres de la traîtrise et de la désertion (où nous relirons André Gorz en réécoutant Boris Vian), le PS s’est proclamé en « Résistance », avec le « R » majuscule qui sied à l'évocation d'un grand moment de l'histoire : celui où des femmes et des hommes ont refusé de se plier à la logique du rapport des forces, refusé d'exécuter les ordres qu'exécutaient les fidèles serviteurs de l'Etat, et de respecter les lois scélérates que respectait la majorité de la population. Le PS a proclamé fièrement, hautement, héroïquement, sa volonté de remplir le « devoir de résistance » face à la montée de la droite populiste et de l'extrêmedroite, coexistant dans le même MCG (lequel ne s'y réduit cependant pas). Le PS va résister ? Bravo ! Mais le PS ne pouvant tout de même pas entrer en « résistance » tout en pratiquant la « ollaboration », par quoi va se traduire cette résistance ? Sans nul doute par l'insoumission individuelle et collective des socialistes magistrats, cadres supérieurs de la fonction publique et directeurs des entreprises publiques, appelés le cas échéant à respecter et faire respecter, appliquer et faire appliquer, des décisions et des lois qu'en tant que socialistes ils ont à combattre. La Résistance ? L'opposition ?¨ Nous y serons, et nous en serons. Par principe et par tropisme. Quelque soit le résultat de l'élection du Conseil d'Etat, on verra bien qui « résistera » et qui « collaborera ». Qui sera capable d'insoumission et qui nous servira des explications du genre « ils sont les plus forts, on limite les dégâts ». Parce que c'est bien beau, de se proclamer en « résistance ». Mais sans actes de résistance, et donc d'insoumission, et donc de non-respect des lois, des ordres et des rapports de force, cette « résistance » ne sera qu'une posture, quand de la posture à l'imposture il n'y a guère que deux lettres. Quant à nous, on nous offrira peut-être la réalisation d'un joli fantasme : être conduit par des flics MCG dans une prison construite par un-e socialiste, après avoir été condamné par un-e magistrat-e socialiste pour avoir enfreint une loi proposée par le MCG... On a les rêves qu’on peut.
La gauche doit-elle ou non s'engager pour quatre ans, majoritairement ou minoritairement, dans un gouvernement confronté au parlement le plus à droite de l'histoire de la République depuis la Guerre Mondiale ? Le PS a décidé que oui. Il est soutenu dans cette décision par les Verts, le Parti du Travail, les « indépendants » (l'ex-liste N° 8) et, « objectivement », les Communistes. Jouons donc le jeu puisqu'il apparaît que ce doit être le nôtre, et, en bons militants et électeurs disciplinés, formons le meilleur gouvernement possible avec les candidatures qu'on a sous la plume, en remplissant notre bulletin de vote comme on dessine un oiseau (sans savoir s’il sera capable de voler) : une aile droite avec les deux candidatures vertes; une aile gauche, avec les trois candidatures communistes; un corps avec les deux candidatures socialistes. Le compte est bon, on en a sept, comme un Gloria monteverdien. Et on pourra même compléter le dessin en convoquant le Prophète pour faire le bec (la Chancellerie d'Etat, puisque Boucle d'Or s'en va) et le Bouffon pour faire le croupion (comme Procureur Général à la place de Zavatta, personne ne verra la différence).
Résistons taine et tonton
Pour justifier son refus de passer volontairement dans l'opposition sans attendre d'y être contraint par les électeurs, proposition qui nous valut d'être promptement expédiés dans les ténèbres de la traîtrise et de la désertion (où nous relirons André Gorz en réécoutant Boris Vian), le PS s’est proclamé en « Résistance », avec le « R » majuscule qui sied à l'évocation d'un grand moment de l'histoire : celui où des femmes et des hommes ont refusé de se plier à la logique du rapport des forces, refusé d'exécuter les ordres qu'exécutaient les fidèles serviteurs de l'Etat, et de respecter les lois scélérates que respectait la majorité de la population. Le PS a proclamé fièrement, hautement, héroïquement, sa volonté de remplir le « devoir de résistance » face à la montée de la droite populiste et de l'extrêmedroite, coexistant dans le même MCG (lequel ne s'y réduit cependant pas). Le PS va résister ? Bravo ! Mais le PS ne pouvant tout de même pas entrer en « résistance » tout en pratiquant la « ollaboration », par quoi va se traduire cette résistance ? Sans nul doute par l'insoumission individuelle et collective des socialistes magistrats, cadres supérieurs de la fonction publique et directeurs des entreprises publiques, appelés le cas échéant à respecter et faire respecter, appliquer et faire appliquer, des décisions et des lois qu'en tant que socialistes ils ont à combattre. La Résistance ? L'opposition ?¨ Nous y serons, et nous en serons. Par principe et par tropisme. Quelque soit le résultat de l'élection du Conseil d'Etat, on verra bien qui « résistera » et qui « collaborera ». Qui sera capable d'insoumission et qui nous servira des explications du genre « ils sont les plus forts, on limite les dégâts ». Parce que c'est bien beau, de se proclamer en « résistance ». Mais sans actes de résistance, et donc d'insoumission, et donc de non-respect des lois, des ordres et des rapports de force, cette « résistance » ne sera qu'une posture, quand de la posture à l'imposture il n'y a guère que deux lettres. Quant à nous, on nous offrira peut-être la réalisation d'un joli fantasme : être conduit par des flics MCG dans une prison construite par un-e socialiste, après avoir été condamné par un-e magistrat-e socialiste pour avoir enfreint une loi proposée par le MCG... On a les rêves qu’on peut.
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