Exportation de matériel de guerre : Débarrassons-nous de nos dealers…

L'initiative du GSsA contre l'exportation de matériel de guerre a déjà un effet : il ne se passe pas de semaine sans qu'on découvre, ou qu'on se remémore, quelque haut fait de nos dealers d'armement. En mars dernier, sous la pression de l'initiative, le Conseil fédéral avait annoncé l'arrêt des exportations de matériel militaire vers le Pakistan. Quelques mois plus tard, on apprenait qu'il avait tout de même autorisé la vente pour 13 millions de munitions pour les armes précédemment exportées. Car les pays vers lesquels les exportations ont (pour un temps) cessé disposent évidemment toujours du matériel précédemment acquis. Et ça bouffe, ces petites bêtes... Or on en a beaucoup exporté, ces dernières années un peu partout et un peu à n'importe qui, malgré la loi, et quelque soit la loi... Il y a là un deal, et des dealers, dont, comme dirait un Conducator local, on peut se débarrasser… même en un peu plus de 45 jours…

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On a donc exporté au Pakistan des munitions pour les armes précédemment exportées vers le même Pakistan. Mais comme on est neutres et impartiaux, on a aussi exporté vers l'Inde des mitraillettes, dans un Etat qui utilise des enfants-soldats. Et dans les années '90 du siècle passé, Oerlikon Contraves avait exporté vers l'Iran, déjà ayatollisé, du matériel de guerre : des pièces de canons anti-aériens 35 mm, des machines pour les fabriquer, des licences de production... tout cela dans le strict respect de la loi, quoique le Secrétariat d'Etat à l'économie ait désapprouvé ces ventes, sans toutefois pouvoir les empêcher. En Iran de beaux canons suisses protègent peut-être les sites d'enrichissement d'uranium qui donnent des sueurs froides à l'Union Européenne, aux Etats-Unis et à Israël… A ces exportations de matériel explicitement et incontestablement militaire s'ajoutent des exportations de matériel présenté comme civil, mais que les acheteurs utilisent comme du matériel militaire -d'autant qu'il s'agit le plus souvent de régimes pour qui la distinction entre le civil et le militaire est aussi absurde que les états d'âme humanitaires de la loi suisse interdisant l'exportation de matériel militaire vers des pays impliqués dans des conflits armés, ou violant les droits humains. Les opposants à l'initiative du GssA nous assurent qu' " on ne vend pas n'importe quoi à n 'importe qui parce que c'est interdit ", et que les demandes d'exportations sont examinées sérieusement sur la base de critères " clairs et stricts "... Tu parles, répondent 70 professeurs et spécialistes du droit humanitaire, qui font observer que ces règles " claires et strictes " ne sont clairement et strictement pas respectées, ou respectées à la tête du client, ou respectées en faisant semblant de croire que les heureux destinataires de notre beau matériel les respecteront aussi. Des Pilatus PC-9 ont été utilisés par l'armée tchadienne pour bombarder un camp de rebelles au Darfour et mitrailler des opposants dans la capitale, N'Djamena ? les autorités fédérales ont soutenu que les points d'arrimage sous les PC-7 n'étaient pas prévus pour arrimer des bombes, mais du foin pour les animaux en détresse... " Menteur comme un dealer ", cela se vérifie quoi que l'on deale…

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