Quand l'UDC devient féministe…

Le miracle des minarets

Une femme empaquetée dans une burqa, sur fonds de drapeau suisse transpercé par sept minarets très, très pointus : l'affiche du comité d'initiative pour l'interdiction des minarets a été interdite d'affichage sur les panneaux publics de Bâle, Fribourg et Lausanne, mais autorisée sur ceux de Zurich, Saint-Gall, Lucerne et Genève. Peu importe d'ailleurs aux initiants que leur affiche soit ou non interdite puisque leur objectif est atteint : faire parler d'eux, se poser en victimes d'une interdiction alors même qu'ils en proposent une. Mais au passage, c'est un véritable miracle que manifeste la campagne des partisans de l'interdiction des minarets : la conversion au féminisme de l'UDC, de l'UDF, des " identitaires ", des intégristes chrétiens et de toute l'extrême-droite suisse… Conversion toute de façade, ou de parvis, évidemment : Qu'en ont ils à faire, nos islamophobes, du statut des femmes en Iran, en Arabie Saoudite ou en Afghanistan ? A un voile ou une burqa près, il ressemble comme deux gouttes de schnaps à celui qu'ils rêvent de ressusciter ici... Avec la peine de mort et la castration des homosexuels.

Allahou Akbar...
Ils sont beaux, nos nouveaux féministes : ils étaient opposés au suffrage féminin, à l'égalité des droits en général, à l'égalité des salaires, à l'égalité dans le mariage (et hors le mariage), ils sont toujours homophobes, toujours opposés à l'octroi du droit d'asile aux femmes victimes de violences sexuelles, et à toute mesure un tant soit peu contraignante pour réaliser ici l'égalité des genres... mais les voilà tout soudain emplis de féminisme compassionnel à l'égard des femmes victimes de la misogynie religieuse (pour autant qu'elle soit islamique, et que ces femmes restent au plus large possible de nos rivages). Comme si interdire les minarets en Suisse allait en quoi que ce soit aider les femmes victimes de discriminations ou de terrorisme dans les contrées où règne un fondamentalisme religieux. Dieu soit loué, qu'il soit tout puissant, comme l'assurent les premiers mots de la constitution suisse, ou clément et miséricordieux, comme le proclament les premiers mots de la constitution iranienne, les quatre minarets de Suisse ont fait ce miracle : l'UDC, l'UDF, les identitaires, les tribalistes, le PNOS, sont tous devenus féministes. Le temps d'une campagne référendaire. Après quoi, leur vieux tropisme patriarcal reprendra le dessus et on les reverra s'opposer à l'octroi de l'asile politique aux femmes, musulmanes ou non, victimes de violences, ou menacées de l'être, parce qu'elles sont femmes. Et on les réentendra refuser le développement des crèches et garderies publiques, et proclamer, comme Ueli Maurer, que la place d'une femme, c'est à la maison, parce que " c'est comme ça chez presque tous les animaux " et que c'est dans "la nature féminine", et on les retrouvera indifférents à la situation des femmes étrangères victimes de violences conjugales en Suisse, et contraintes à choisir entre quitter leur époux violent et perdre leur permis de séjour, ou rester en se faisant cogner. Sans doute parce que c'est " comme ça chez presque tous les animaux " et que c'est " dans la nature féminine ".

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