Sous le regard d’ISIS (et de quelques taupes)

Flicages au nom de la sécurité intérieure (et de quelques intérêts privés)

Fin août 2009, plus de 118'000 personnes (dont seulement 6000 ressortissants suisses, la subversion indigène n’étant plus ce qu’elle était) étaient enregistrées dans la base de donnée des services suisses de sécurité intérieure. C'est 18 % de plus (soit 18'000 personnes supplémentaires) que trois ans et demi auparavant. Explication du « Service d'analyse et de prévention » (SAP) : le développement du système de traitement des données relatives à la protection de l'Etat (ISIS) est largement responsable de cette inflation. ISIS a pour mission de réunir des informations concernant le terrorisme, l'espionnage, l'extrémisme violent, le matériel nucléaire et le trafic d'armes. Le responsable de la gestion des données d'ISIS, Philipp Kronig, assure (on a de la peine à le croire sur parole) qu'il ne s'agit pas d'une « banque de données de suspects » et qu'un tiers des entrées sont effacées après un contrôle de pertinence. Effacées, vraiment, ou archivées « au cas où » ? Pour surveiller ISIS, nous faudra-t-il créer OSIRIS ?

Taupes modèles
Le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence, Hanspeter Thuer, estimait que le projet de loi instituant des « mesures visant à améliorer la sécurité intérieure » renforçait de manière excessive les possibilités des services de renseignement intérieurs d'intercepter des courriers, de s'introduire dans des lieux privés, de fouiller des ordinateurs, de mener des observations et des écoutes téléphoniques clandestines, sur simple soupçon. Le préposé soupçonnait les services suisses de vouloir se constituer un « stock de renseignements » utilisables sur le « marché du renseignement », en échange de renseignements fournis par des Etats étrangers. Mais nous ne sommes pas seulement sous le regard d'ISIS, et il ne se passe guère de mois sans qu'une nouvelle taupinière soit mise au jour : récemment, le Groupe pour une Suisse sans armée a accusé le lobby de l'armement, et l'agence de relations publiques (très à droite) Farner, de l'avoir fait infiltrer lors des premières réunions de préparation, en juin dernier, de la campagne pour la votation sur l'initiative interdisant l'exportation des armes de guerre. Quelques semaines auparavant, le juge d'instruction vaudois Jacques Antenen avait rendu, juste avant de prendre ses fonctions de chef de la police cantonale, une ordonnance de non-lieu dans l'affaire de l'espionnage et de l'infiltration du mouvement Attac par des agents de Securitas aux ordres (et à la solde) de Nestlé. Prétexte : la prescription. Qu'on atteint évidemment d'autant plus facilement qu'on traîne les pieds pour instruire l'affaire. Et qu'on ne fait évidemment aucun effort pour chercher ce qu'on n'a pas du tout envie de trouver. Quand à Nestlé, elle n'a pas exclu de recourir à nouveau aux méthodes barbouzières utilisées contre Attac. Elle aurait tort de se gêner, la multinationale : un juge (à la retraite) mandaté par le Conseil d'Etat vaudois pour « faire la lumière » sur une éventuelle complicité de la police dans l'espionnage d'Attac par Securitas avait disculpé la police sans avoir interrogé ni les responsables de Securitas, ni les taupes. Mandaté pour « faire la lumière », il avait éteint la lumière et fermé la porte en repartant Un bon juge, bien élevé

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