Extension des heures d'ouverture des grands magasins : On a un référendum sur le feu pour Noël…

Le patronat du commerce genevois de détail a fait déposer par ses relais politiques, et va faire accepter par sa majorité parlementaire cantonale, un projet de loi étendant les heures d'ouvertures des magasins, jusqu'à 20 heures du lundi au vendredi et 19 heures le samedi, avec en prime l'ouverture dominicale quatre dimanches par année, et des ouvertures spéciales lors d'événements touristiques ou commerciaux particuliers. Au frigo, mais n'attendant que l'occasion d'en être sorti, on trouve encore le projet de libéralisation totale des heures d'ouverture au centre-ville et autour de la rade. Comme le relèvent les syndicats, ces projets ne sont pas, quoi qu'en disent leurs promoteurs, destinés aux consommateurs et consommatrices du canton, mais aux grands magasins et aux grandes chaînes de distribution; il ne visent pas à répondre à la " concurrence française ", ils ne répondent ni à une demande de la clientèle, ni à un besoin des petits commerces, ni à la concurrence des commerces français, ni au manque d'animation au centre-ville, mais uniquement à la quête de nouveaux profits pour Migros, la Coop, Manor et les autres grands groupes. Le Parlement dont Genève s'est trouvée pourvue, une fois la bise populiste venue, ne va pas manquer de voter le projet de loi patronal. Et la gauche politique et syndicale de lancer un référendum.

Halte à la mendicité marchande !
L'ouverture prolongée des magasins s'inscrit dans un processus d'ensemble : celui de la flexibilisation des conditions de travail et de la généralisation des horairess " atypiques " de travail . En 2008, en Suisse, plus de 700'000 salariées et salariés travaillaient déjà le soir, plus de 200'000 la nuit, plus de 400'000 le dimanche, et leur nombre croît constamment. Dans le même temps où ces formes de travail se généralisent, où les heures supplémentaires effectuées s'accroissent et où la productivité horaire augmente, les salaires réels diminuent (moins 0,4 % entre 2007 et 2008 pour l'ensemble des salariés). Notre refus d'une nouvelle extension des heures d'ouverture des magasins s'inscrit donc dans un refus plus large: celui de la dégradation continuie des conditions de travail. Il ne s'agit pas d'aller " contre le désir des consommateurs " (qui n'expriment d'ailleurs pas le désir d'aller faire leurs courses le dimanche ou à huit heures du soir), mais de cesser d'opposer consommateurs et travailleurs, puisque les mêmes personnes sont l'un et l'autre, et que la dégradation des conditions de travail est aussi une dégradation des conditions et des moyens de consommation. Et même une dégradation de l'emploi : en trente ans, dans le secteur du commerce de détail alimentaire, le nombre de postes de travail a diminué de moitié pendant que les surfaces moyennes de vente doublaient... Selon les promoteurs de la " libéralisation " des heures d'ouverture des magasins, elle permettrait aux commerces genevois de " lutter contre la concurrence " des centres commerciaux français de la périphérie. Mais on voit mal en quoi fermer les magasins genevois à 20 heures permettrait de gagner des parts de marchés sur des magasins français où les Genevois se rendent parce que les marchandises y sont moins chères. Et dans ce débat comme dans bien d'autres, un peu de décroissance de mésiérait pas : plutôt que renoncer à distribuer des sacs en plastique à leurs clients, au nom d'un semblant de lutte contre la pollution, les grands distributeurs tenant à ce qu'on les croie soucieux de l'environnement devraient réduire leurs heures d'ouverture, et non faire intervenir leurs commis politiques pour les étendre. Ça permettrait en tout cas des économies d'énergie...

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