Initiative pour un avocat des animaux : Pourquoi pas ?

Le 7 mars prochain, entre autres sujets (dont certains plus importants), le bon peuple aura à se prononcer sur une initiative populaire lancée par la " Protection Suisse des animaux " sous le titre " Contre les mauvais traitements envers les animaux et pour une meilleure protection juridique de ces derniers ". Personne ne se disant favorable aux " mauvais traitements envers les animaux ", c'est sur la deuxième partie de ce titre, la " meilleure protection juridique des animaux ", que va porter le débat. L'initiative propose d'obliger les cantons (qui en ont déjà la possibilité mais n'en usent pas, à la seule exception de Zurich) à se doter d'un " avocat de la protection des animaux ", chargé de défendre les " intérêts des animaux maltraités ". Le Conseil fédéral est opposé à l'initiative, soutenue par la gauche, les Verts et les organisations de protections de nos amis à poils, à plumes et à écailles. Pour le gouvernement, la loi actuelle suffit, qui oblige déjà les cantons à se doter d'un service spécialisé dans la défense des animaux et la poursuite pénale de ceux qui les maltraitent. Mais tout indique que l'initiative va faire un tabac, en particulier en Suisse alémanique. Après tout, pourquoi pas ? Avons-nous à perdre quoi que ce soit à ce que les (autres) animaux soient mieux défendus, du moins tant qu'ils ne le sont pas mieux que nos semblables ?

Zoophilie sélective
Les humains étant des animaux qui ne considèrent comme " animaux " que les autres animaux, l'initiative de la SPA suisse n'est pas moins anthropocentrique que les comportements de ceux qui, considérant les animaux comme des choses, en usent et en abusent selon leur bon plaisir et leurs mauvaises pulsions. Ayant demandé l'avis autorisé de notre chat, et s'étant entendu répondre " vos conneries, j'en ai rien à foutre, remplis-moi plutôt ma gamelle et laisse la porte ouverte que je puisse sortir chasser les piafs ", on s'autorisera donc, en tant qu'humain, c'est-à-dire d'animal supérieur et doué de raison raisonnante, à considérer qu'après tout, " défendre les animaux " n'est qu'une manifestation supplémentaire de notre incontestable supériorité, nul n'ayant jamais entendu parler d'animaux se réunissant pour savoir s'il valait la peine de défendre les humains, et comment les mieux défendre On dira donc " oui " à l'initiative zoophile. Parce qu'il n'y a aucune raison de la refu
ser, qu'il est toujours con de s'abstenir et que laisser la " liberté de vote " ne signifie rien dans une démocratie où elle est de toute façon garantie. Et prenons ici le pari qu'il se trouvera infiniment plus de citoyennes et yens pour défendre les animaux qu'on n'en a jamais trouvés pour défendre des humains venus d'ailleurs. Les animaux ont et auront encore plus de meilleurs défenseurs que les réfugiés ? Et alors ? On peut bien être zoophile et xénophobe. C'est même assez courant. La première initiative populaire fédérale à avoir été acceptée en Suisse l'a été au nom de la protection des animaux -mais sur fonds d'antisémitisme : elle proposait, et obtint, l'interdiction de l'abattage rituel juif (sans étourdissement préalable) des animaux de boucherie. Mais seulement de cet abattage-là. La Suisse va se doter de dizaine de défenseurs officiels des animaux ? Tant mieux pour les animaux. On pourra même, en irréductibles optimistes que nous nous forçons à être, y trouver mati
ère à positiver : si 70 % des Suissesses et des Suisses votent pour mieux protéger nos zamies les bêtes après avoir voté pour mieux refouler les immigrants, ça prouvera bien qu'ils ne considèrent pas les immigrants comme des animaux. Pour être bien traités, les premiers n'auront qu'à exiger l'être comme des chiens.



Commentaires

Articles les plus consultés