Brèves

Invitée à un débat organisé par l'hebdomadaire allemand « Die Zeit » sur le feuilleton des listes d'évadés fiscaux allemands en Suisse, Micheline Calmy-Rey, en répondant à la question : « si vous étiez ministre allemande, auriez-vous acheté des données volées » (sur l'évasion fiscale) ?, n'a pas exclu qu'elle l'aurait fait, dès lors que « chaque ministre des Finances lutte contre l'évasion fiscale » et que c'est « normal ». En clair, que c'est son boulot de trouver les moyens de financer les dépenses de l'Etat dont il ou elle est ministre, et donc d'aller chercher l'argent soumis à l'impôt là où il est, même si c'est là où il a fui. Rien que de très évident, donc. Mais cette évidence rappelée par notre ministre des Affaires étrangères (qui fut aussi ministre genevoises des Finances dans une vie politique antérieure) semble ne pas être une évidence pour la droite radicale-libérale, qui a bruyemment couiné aux déclarations de Calmuche. On la comprend, la droite helvétique : si l'aune de la compétence est celle de Hans-Rudolf Merz, rappeler qu'on peut attendre un peu plus d'un ministre des Finances que ce que le nôtre peut offrir relève de la cruauté mentale et du sadisme politique. N'empêche que les condamnations politiques et médiatiques de la « sortie » de Cruella nous renvoient immédiatement auvieux proverbe chinois : « quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt ».

Après l'acceptation par la Suisse de l'accueil de deux frères ouïgours chinois, détenus sans accusation ni inculpation ni jugement dans le camp américain de Guantanamo, mais considérés par les autorités Chinoises comme des « terroristes » , et l'acceptation préalable de l'accueil d'un Ouzbek, trois autres détenus de Guantanamo ont demandé à être accueillis par la Suisse, mais en y déposant une demande d'asile politique : un Ouïgour, un Algérien et un Libyen. L'office des migrations avait donné un préavis négatif à leur demande d'asile, mais ce préavis a été cassé, s'agissant de l'Algérien, par le Tribunal administratif fédéral. Vu le foin qu'a fait l'accueil de deux malheureux Ouïgours, on ne sait pas trop à quoi s'attendre pour trois ex-détenus de Guantanamo de plus, mais on se demande dans quel état de faiblesse pathologique pourrait bien être un pays se sentant menacé par cinq personnes sortant innocentes d'un camp militaire où elles étaient détenues aussi inutilement qu'arbitrairement...

Il est des expressions dont le sens n'est plus guère perceptible, sinon comme invocation à la fois creuse et rituelle. Ainsi de la « classe moyenne ». Selon l'Office cantonal genevois de la statistique, le revenu médian des employés du secteur privé s'est situé en 2008 à 6801 francs par mois, soit 7,1 % de plus que deux ans auparavant, mais avec un écart accru entre les bas et les hauts revenus, les bas revenus (moins de 4534 francs par mois) étant de plus en plus nombreux, le salaire médian d'un employé de banque atteignant à peu près le triple de celui d'une coiffeuse (3750 francs par mois) et le salaire médian des femmes étant de 9,6 % inférieur à celui des hommes. On vous répète le chiffre clef, celui du revenu médian des employés du secteur privé : 6801 francs par mois (en 2008). Si les mots ont en sens (hypothèse certes aventureuse) et qu'on veut définir une classe « moyenne » à partir du revenu, cela signifie que cette hypothétique « classe moyenne » est formée de gens qui, travaillant à plein temps, ont un revenu se situant entre 75 % et 150 % de 85'000 francs par an. Et qu'on peut donc répondre par un haussement d'épaule à tous ceux qui, y compris à gauche, considèrent qu'avec un revenu annuel de 200'000 balles ou plus, ils sont encore représentatifs de la « classe moyenne » et nous invitent en son nom à compatir à leur grande douleur sociale.

La «Tribune de Genève » nous apprend (dans sa page « ClicsClaques ») que les Services Industriels utilisent, au nom du «développement durable», des rapaces pour faire peur aux pigeons. ça valait bien la peine de faire des pieds et des mains pour virer Eric Stauffer du Conseil d'administration des SIG pour qu'ensuite les SIG emploient ses congénères.

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