Renvoi des « criminels étrangers » : Le cauchemar de la droite démocratique

Tétanisés par la peur d'un nouveau succès de l'UDC, démo-chrétiens et radelibes veulent un contre-projet à l'initiative udéciste « pour le renvoi des étrangers criminels », qui propose de rendre automatique la « double peine » (prison plus expulsion) dans toute une série de cas (pas seulement des crimes graves), dont le seul point commun est d'impliquer des étrangers. Face à cette initiative, qui instituerait une procédure quasi mécanique d'expulsion, vers des pays qu'ils ne connaissent pas, dont ile ne parlent pas la langue et dont il nous reviendront illégalement aussi vite qu'ils pourront, de gens nés en Suisse de parents nés en Suisse, la position de la gauche est claire et nette : c'est un « non » de principe à une initiative discriminatoire, inapplicable et contraire au droit international, un refus d'entrée en matière sur une mauvaise réponse (l'expulsion automatique) à une mauvaise question (puisqu'il y a confusion entre étrangers et immigrés, crimes et délits, criminalité en général et criminalité des étrangers en particulier). Au centre et à droite, en revanche, on les a à zéro : on s'est fait piéger sur les minarets (les électorats du PDC et du PLR ont voté majoritairement en faveur de l'initiative que combattaient leurs partis), on ne veut pas se faire à nouveau piéger sur la sécurité. On entre donc en matière sur l'exercice udéciste, qu'on légitime dans le même mouvement où l'on prétend y répondre.

criminel, puisqu'étranger
Sept interpellations urgentes ont été déposées par le MCG au Grand Conseil, toutes sur le même thème (la criminalité « étrangère »), avec pratiquement le même contenu (Genève, c'est le Bronx) et à quelques mots près, le même titre faisant référence à la « racaille étrangère ». Dire sept fois la même chose, ce n'est pas que le MCG bégaie, c'est qu'il n'a rien d'autre à dire que ce qui pourrait se résumer ainsi : il faut protéger la racaille indigène de la concurrence déloyale que lui fait la racaille frontalière. L'UDC suisse est sur le même créneau : elle agite la présence de la « criminalité étrangère » non parce qu'elle est criminalité, mais parce qu'elle est étrangère. On n'est pas dans un discours fondamentalement sécuritaire (il ne l'est qu'instrumentalement), mais dans un discours fondamentalement xénophobe. C'est par ce discours que l'UDC a fait aboutir son initiative pour le « renvoi des criminels « étrangers » (tout étranger n'est-il donc pas criminel, puisqu'étranger ?). Que son initiative soit ou non applicable (elle ne l'est pas, mais l'exemple des minarets est là pour prouver qu'une ânerie peut être majoritaire) et compatible ou non avec le droit supérieur (elle ne l'est pas non plus, mais comme le droit supérieur est international, il est étranger et donc illégitime), l'UDC s'en contrefiche. Ce qui importe à l'UDC n'est pas l'« insécurité » (il lui conviendrait même assez qu'elle persistât, puisqu'elle l'exploite), c'est de labourer inlassablement le même terrain, pour y faire pousser les mêmes bulletins de vote, qu'il s'agisse de religion, de criminalité, du droit d'asile, des prestations sociales (dont les étrangers abusent par définition et mauvaise nature d'étrangers) ou même de codes vestimentaires : la burqa n'est pas condamnable parce qu'elle est discriminatoire à l'égard des femmes, mais parce qu'elle n'est pas de chez nous -il ne faudrait tout de même pas prendre l'UDC pour plus féministe qu'elle n'est : elle soutiendra, si elle aboutit, l'initiative intégriste qui vient d'être annoncée pour supprimer le remboursement des interruptions de grossesse et réserver le droit à une IVG sous surveillance médicale à celles qui peuvent se le payer. Une initiative à ce point aberrante que les femmes UDC genevoises ont immédiatement pris position contre, ce qui a fort marri le secrétaire général du parti cantonal, l'écônard Bertinat, alors même qu'officiellement l'UDC ne soutient pas encore l'initiative. Peut-être parce qu'elle a le tort de ne pas frapper exclusivement les femmes étrangères.

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