Congrès du PSG et cirque médiatique

L'attrait de la mangeoire

Atone, exsangue, subclaquant, le PS genevois ? Allons donc... les socialistes genevois sont frétillants : c'est en rangs serrés qu'ils défilent devant les micros matutinaux et les caméras vespérales, communiquant leurs états d'âme à un public aussi improbable que l'intérêt qu'il porte à ce concours de lieux communs débités en tranches de langue de bois brut. Peu importe d'ailleurs : rien n'est plus urgent qu'être du nombre des figurants, et l'erreur cardinale serait de ne pas participer à cette foire aux vanités picrocholines. On ne donnera donc pas cher des chances de carrière politique du militant inconscient qui, dans la dernière livraison du bulletin socialiste « Post Scriptum » se demande s'il ne faudrait pas, même si ce devait n'être qu'« au cas par cas », refuser d'alimenter « la chaîne d'abattage médiatique », prendre le « risque de n'être pas représenté sur les devantures », déserter les étals de la « pipolisation du politique »... prends ton mal en patience, Sylvain : le congrès du PS se tiendra dans trois semaines et tu n'as pas fini d'entendre le matin et de voir le soir, collès contre les micros et les caméras comme des phalènes sur un lampion, ces socialistes persuadés qu'ils ont non seulement quelque chose à dire, mais même que quelqu'un attend qu'ils le disent. C'est qu'il est puissant, l'attrait de la mangeoire médiatique...

PS : C'est par où, la sortie ?
René Longet sera-t-il le seul candidat à sa succession à la présidence du PS genevois ? Jeudi dernier, le Journaliste lance un appel angoissé : personne ne va donc au sein du PS contester la candidature de René Longet ? le lendemain à 14 heures, divine surprise : il y a deux candidats à la présidence du parti, René Longet et Alberto Velasco. Quelques minutes plus tard, le soufflé retombe : la candidature d'Alberto est provisoire, elle sera peut-être retirée, rien n'est décidé, tout est possible, il faut laisser du temps au temps, on va consulter, on vous téléphonera... Le suspense était insoutenable, l'angoisse palpable aux Libellules, au Gros Chêne et aux Pâquis.... Foin d'ironie : Les difficultés du PS ne tiennent ni au contenu de ses propositions, ni à la contradiction entre sa base électorale de «classe moyenne» et la priorité qu'il accorde aux « classes populaires », ni à son fonctionnement interne, ni à sa communication, ni à l'identité des membres de sa direction : elles tiennent essentiellement à son statut de parti gouvernemental, à son usage comme office de placement, à son incapacité à renoncer à ce statut et à cette utilisation quelque prix qu'il les paient, à l'incapacité de nombre de ses mandataires de se résigner à la perte d'un mandat, ou à l'impossibilité de le détenir indéfiniment, ou de le cumuler avec d'autres... En clair, les difficultés du PS tiennent à son incapacité présente à être pleinement un parti politique. Et qu'on ne nous dise pas qu'il est normal qu'en période de crise « les gens votent à droite » : foutaise ! En période de crise, « les gens » à qui nous nous adressons votent pour l'opposition de gauche quand le gouvernement est de droite et se rangent à droite quand la gauche est au gouvernement. Or le PS n'est pas dans l'opposition, même si son programme devrait l'y placer. Etre « d'opposition » ne signifie pourtant pas que l'on refuse toute présence dans un exécutif, puisque nous pouvons jouer des uns -les municipalités de gauche, par exemple- contre les autres. Mais nous nous accrochons avec une telle énergie à nos sièges et à nos postes que nous perdons même de vue cette possibilité d'user d'un pouvoir contre un autre, et que nous nous condamnons nous-mêmes à un destin que nous connaissons parfaitement : la lente et morne dissolution d'un parti politique dans l'appareil d'Etat et les entreprises publiques. C'est-à-dire dans cela même à quoi s'opposent « les gens » et dont il serait urgent de s'extirper.

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