Répression politique, culturelle et syndicale en Turquie

L'enfermement au Sérail

En 2009, près de 13'000 personnes ont été arrêtées en Turquie pour des motifs politiques, ou liés à l'action syndicale. Près de 1500 dirigeants, cadres, élus du parti politique kurde sont en prison. 35 journalistes et écrivains sont également emprisonnés. 49 de ces prisonniers politiques sont dans un état de santé alarmant, et de jour en jour aggravé faute de soins. On connaît le cas du syndicaliste genevois Murad Akincilar, arrêté le 30 septembre à Istambul. Il faut y ajouter celui de Muharrem Erbey, vice-président de l'Association turque de défense des droits humains HD, arrêté et emprisonné après avoir, à Genève, dénoncé les violations des droits humains en Turquie.

SAMEDI 27 MARS, GENEVE
Pour les prisonniers politiques en Turquie
Rassemblement 14 heures, zone piétonne du Mont-Blanc
organisation : Comité de soutien à Murad Akincilar


Lettre de prison de Murad Akincilar

Mes cher-ères ami-es,
Pendant que je défendais au sein de l'Europe les droits des ouvriers du bâtiment, les personnes qui me connaissent le savent bien, je n'étais pas un «réfugié», un «exilé» ou «un syndicaliste déraciné». Même en tant que syndicaliste emprisonné en Turquie, je me sens auprès de vous. Car un vrai syndicaliste fait partie, au-delà des frontières, d'une grande entité. Le travailleur européen qui refuse de payer le prix de la crise, en moyenne plus de 200 représentants de travailleurs tués chaque année en Colombie, les travailleurs palestiniens dont les locaux de leur syndicat sont démolis une ou deux fois par année, les paysans brésiliens sans terre qui n'attendent pas l'autorisation des grands propriétaires terriens pour cultiver la terre, et de nombreux d'autres, une quantité innombrable que l'on ne peut citer ici font partie de cette grande entité.
Le 21 novembre, après 6 mois de détention, les 22 syndicalistes accusés d'«appartenance à une organisation illégale» ont étélibérés. Pour ce qui est des dirigeants des syndicats organisant les travailleurs du textile et des chantiers navals, ils sont depuis des années en train de passer plus de la moitié de leur expérience syndicale en prison. Quant à moi, je suis en prison (...) avec la même accusation. Nous sommes tous membre, travailleurs/syndicalistes de cette immense famille, cette famille au-delà des frontières. Et en même temps, nous partageons ensemble des principes universaux et défendons des valeurs communes comme la justice sociale, l'égalité et la fraternité. Nous ne les oublions pas.
Désormais, l'ère des dictatures militaires classiques est close. C'est la période de l'Etat policier néo-libéral, qui s'enracine dans les circonstances de crise; une génération qui trouve son expression, de Sarkozy à Uribe ou de Berlusconi à Netanyahou, chez ses représentants médiatiques, éhontés. Et c'est cela le problème.
J'envoie mes remerciements, mes salutations cordiales et fraternelles à mes camarades syndicalistes, et travailleurs de différentes organisations syndicales, aux parlementaires et aux milliers de femmes et hommes qui se sont mobilisés et qui ne m'ont pas laissé seul depuis le jour de mon arrestation.
Murad Akincilar

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