Brèves

Le Conseil des Etats a adopté un projet de loi fédérale sur les chiens dangereux, qui harmonise par le bas la législation en interdisant aux cantons d'édicter des dispositions plus sévères que celles, particulièrement laxistes et floues, de la loi fédérale. Cinq ans après qu'un petit garçon ait été bouffé par trois pitbull à Zurich, une majorité de sénateurs rupestres de droite ont donc décidé d'empêcher les cantons d'être plus stricts que la Confédération.. Les cantons comme Genève ou Zurich, qui ont adopté (à Genève, par un vote populaire à une majorité de 65 %) des lois interdisant purement et simplement les races canines les plus dangereuses, sont muselés, alors même que la loi genevoise, en un an, a fait diminuer de moitié le nombre des molosses et fait fortement baisser le nombre des morsures. La comparaison entre la manière dont on procède à l'égard des chiens dangereux et celle dont on a procédé à l'égard de la fumée passive est amusante. ça doit être parce que la chiens sont en principe non fumeurs : s'agissant de la fumée passive, la loi fédérale a en effet laissé aux cantons la possibilité d'être plus stricts que la Confédération. Comme quoi, dans ce pays, vaut mieux carrément bouffer les enfants que les enfumer.

Une nouvelle synagogue a été inaugurée à Genève lundi dernier : Le Beith-GIL, la synagogue de la Communauté israélite libérale (qui rassemble le tiers des 4500 juifs pratiquants de Genève). C'est la première synagogue inaugurée en Suisse depuis 1972, et la cinquième synagogue de Genève. L'antijudaïsme n'étant plus guère à la mode, quoi qu'on ne puisse jurer qu'il n'y reviendra pas, on n'a pas entendu d'udécistes ou d'ecônards protester. Mais ça doit être faute de minaret.

Dans son dernier numéro, le magazine patronal gratuit « L'Extension » nous fait un joli portrait suavement à charge du « candidat de prédilection » du « comité de sélection » qui doit proposer un successeur à Armin Walpen à la direction générale de la SSR : Tibère Adler, directeur d'Edipresse depuis 2003. Le magazine ne se contente pas de présenter Adler comme un chef qui, en cas de conflit. se ferme « hermétiquement (...) en se rangeant derrière la hiérarchie sans trop chercher à connaître les tenants et aboutissants » du conflit, mais rappelle qu'en tant que directeur d'Edipresse, il a suggéré que le groupe pourrait profiter de la « libéralisation des ondes » pour lancer une télé commerciale, et que sous sa houlette (et celle de Lamunière), Edipresse s'est plantée avec le « Matin Bleu » et la nouvelle formule de « 24 Heures », et a finalement licencié une centaine de salariés (journalistes, photographes, imprimeurs etc...). Bref, si on résume, Tibère Adler est un peu à Lamunière ce que Patrick Le Lay était à Bouygues quand celui-ci a mis la main sur TF1.

Il y a deux semaines, le Tribunal fédéral a décidé que les frontaliers devaient bénéficier du même barême fiscal de décuduction des frais de déplacement que les contribuables domiciliés à Genève. Cette décision va faire perdre entre 100 et 200 millions de francs de rentrées fiscales à Genève, en changeant la nature de l'impôt à la source, et obliger l'administration fiscale à prévoir le traitement de milliers de réclamations (d'où l'engagement de personnel supplémentaire). L'impôt à la source restera favorable à Genève (il le sera seulement un peu moins) et aux communes françaises de résidence des frontaliers (qui en reçoivent directement une partie), mais, évidemment, le MCG a bondi sur l'occasion pour réclamer une diminution de la rétrocession aux communes (« une idée absurde », selon David Hiller, puisqu'elle consisterait à faire payer aux communes françaises une décision du Tribunal fédéral suisse), et, au passage, une augmentation des tarifs des parkings d'échange à l'entrée de l'agglomération genevoise (une idée tout aussi absurde, puisqu'elles conduiraient des milliers d'automobilistes à renoncer à échanger leur bagnole contre les transports publics avant d'entrer en Ville, et donc à y entrer en bagnole et à aggraver encore la congestion du centre urbain). Deux idées absurdes, donc, mais pas franchement surprenantes : quand le MCG entend le mot « frontalier », il sort d'abord sa collection de conneries, et il réfléchit ensuite. Peut-être. Eventuellement.

Commentaires

Articles les plus consultés