Initiative socialiste « pour de nouveaux emplois grâce aux énergies renouvelables » : Vers l'emploi vert...

Le Parti socialiste suisse lance une initiative populaire fédérale, soutenue par les Verts et les syndicats, pour « de nouveaux emplois grâce aux énergies renouvelables », titre malencontreusement résumé en anglo-zurichois par un très ridicule « Cleantech » qui renvoie plus à une marque de détergent qu'à un projet politique. L'initiative vaut mieux que cette navrante trouvaille publicitaire : elle vise à libérer la Suisse de sa dépendance à l'égard des énergies non-renouvelables, et à créer des emplois dans le secteur des énergies alternatives en y soutenant l'innovation et l'investissement privé et public. Les énergies alternatives et les technologies dites « propres » (encore qu'il il faudrait y regarder d'un peu plus près pour être sûrs qu'elles méritent ce label: comment, avec quoi, où et dans quelles conditions produit-on les panneaux solaires, par exemple ?), sont en effet, comme l'écrit le présidnt du PSS Christian Levrat, « synonymes d'emplois pour le futur », à condition que les investissements suivent et qu'une véritable volonté politique de les promouvoir se traduise en actes (en en lois incitatives, du moins tant qu'on a encore besoins de lois). De là à croire que « les technologies propres nous sortiront » de la crise « où l'industrie financière nous a jetés », il y a sans doute un pas qu'on ne franchira qu'avec beaucoup d'ingénuité...

Premier pas

« L'industrie financière nous a jetés dans la crise, les technologies propres nous en sortiront », écrit dans «PS & énergie, magazine socialiste du tournant énergétique » le président du Parti socialiste suisse, Christian Levrat. C'est accorder aux technologies « propres » une sorte de virginité économique et sociale dont on ne voit pas par quel miracle elles auraient été gratifiées. Dans le même magazine, le même Christian Levrat relève d'ailleurs, avec satisfaction, les engagements de quelques multinationales helvétiques dans les énergies renouvelables : Oerlikon et l'UBS dans l'énergie solaire, Gurit dans l'éolien... on aura aussi quelque peine à croire que c'est par conviction écologique que le grand patronat helvétique investit dans ce qui, pour lui n'est qu'un marché, et on se dira que si ce marché est aussi porteur qu'on le croit, on y constatera bientôt le passage de l'investissement productif à la spéculation boursière : on ne voit pas pourquoi le marché des énergies alternatives et des « technologies douces » serait préservé des pratiques liées à la financiarisation de l'économie capitaliste, et aux effets de ces pratiques, quand on constate déjà l'intérêt qu'y portent les entreprises qui participent du saccage global de l'environnement global : des centaines de kilomètres carrés de forêts tropicales continuent par exemple à être détruits, le prix du maïs et d'autres céréales et plantes utilisables pour en faire du carburant a explosé, les monocultures intensives colonisent d'immenses surfaces, tout cela pour produire des « agrocarburants » afin de nourrir des moteurs et de pouvoir continuer à vendre des bagnoles, mais également tout équipement fonctionnant actuellement à l'énergie fossile... Cela étant gardé en mémoire, l'initiative socialiste mérite pleinement d'être signée (d'ailleurs, on vous l'envoie en annexe). D'abord parce qu'elle fait le lien entre emploi et « tournant énergétique » (elle estime qu'on pourrait en créer 100'000 en vingt ans dans le secteur des énergies alternatives). Ensuite, parce que, faisant ce lien, elle répond à l'argument le plus éculé des lobbies nucléaire et pétrolier : le maintien de l'emploi (pour produire n'importe quoi). Enfin, parce qu'en demandant que soient réellement promues les économies d'énergie, elle fait un petit pas timide vers quelque chose qui peut ressembler à de la décroissance -au moins à une décroissance du gaspillage d'énergie (entre 2004 et 2008, la facture de l'importation de produits énergétiques fossiles a plus que doublé pour la Suisse, en passant de six à treize milliards de francs). Mais le pas que l'initiative propose de faire n'est qu'un premier pas. A nous de le faire suivre d'autres.

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