Mer de brouillard sur une évidence

Ouverture de places d'apprentissages pour les jeunes sans statut légal :
Mer de brouillard sur une évidence

Oscar Tosato, Sandrine Salerno, Luc Barthassat et Antonio Hodgers ont donné avec d'autres, mais avec plus d'écho que d'autres, un joli coup de pied dans une sombre fourmilière : Les deux socialistes en proposant que les deux villes dont il et elle sont magistrat-e engagent en apprentissage des jeunes sans statut légal, le démocrate-chrétien et le Vert en mettant le Conseil National face à la réalité et à sa négation par la l'hypocrisie des politiques et des réglementations fédérales et cantonales. Une réalité si gênante et une hypocrisie si confortable que pour rendre le débat incompréhensible, les adversaires du projet des municipalités de Lausanne et Genève en sont réduits à entretenir, volontairement, la confusion entre jeunes sans statut légal, sans-papiers. clandestins et travailleurs « au noir » : les jeunes sans statut légal que les municipalités pourraient engager comme apprentis ne sont pas «sans papiers» (il ne leur manque qu'un permis de séjour), ils ne sont pas clandestins (ils sont inscrits à l'école, couverts par l'assurance scolaire, connus des services scolaires), et s'ils pouvaient être engagés comme apprentis, ce ne serait pas «au noir» mais ouvertement, sur la base d'un contrat de travail, en payant les cotisations sociales qu'ils doivent, et en recevant le salaire auquel ils ont droit.

La démocratie, rien que la démocratie

En appelant à l'ouverture de l'apprentissage aux jeunes sans statut légal, ni Oscar Tosato, ni Sandrine Salerno, ni Luc Barthassat, ni Antonio Hodgers n'ont appelé à violer la loi. Ils ont tous quatre appelé à la changer : les deux parlementaires fédéraux en usant de leur statut de législateurs et les deux magistrats municipaux des moyens que peut donner à un changement légal, un changement des pratique des autorités de deux « grandes » villes de ce pays. Il ne fallait pas plus que cette volonté de changer la loi et les pratiques pour que du fond, à droite, de la salle, sous le radiateur mais tout de même devant les micros et les caméras, une cohorte de représentants de la droite (sauf du PDC), des radicaux au MCG en passant par l'UDC, se poussent du col pour dénoncer les subversifs, le MCG hissant le ridicule au niveau de l'invective en exigeant la démission de Sandrine Salerno. On leur rappellera donc à tous qu'un régime politique qui se définit lui-même comme une démocratie ne se qualifie comme tel que parce qu'il permet de changer les lois, et que dans une société pluraliste le changement des lois suit toujours le changement des pratiques. Pour le reste, le communiqué commun de la gauche municipale et des syndicats dit l'essentiel :
« Les démarches du Conseil administratif de la Ville de Genève visant à permettre l'engagement d'apprentis (sans statut légal) (s'inscrivent) dans la droite ligne des décisions du Conseil municipal de la Ville de Genève, notamment par le biais d'une motion en faveur « de la suspension de toute expulsion de sans-papiers et leur régularisation collective » (2001) ou d'une résolution signée en soutien aux démarches du Conseil d'Etat de l'époque en ce sens (2005). Compte tenu de ces votes et des prises de position du Conseil administratif en 2008 et en 2009, on peut s'étonner des déclarations de certains magistrats radicaux qui portent à croire que l'engagement des autorités de la Ville en faveur des sans-papiers serait un fait nouveau.
Des solutions face à une injustice
La situation des jeunes vivant sans (statut légal) à Genève s'est considérablement améliorée au cours des dernières années. Cependant, il reste une hypocrisie majeure: la formation professionnelle duale (en entreprise et en école) leur reste fermée. Il est nécessaire que les collectivités publiques s'engagent afin de trouver des solutions valables pour que l'accès à la formation professionnelle soit garanti à tous les jeunes vivant (sans statut légal) sur notre sol - et il ne s'agit pas de deux cas isolés. Condamner ces jeunes gens à l'inactivité au motif qu'ils souhaitent réaliser un apprentissage dual viole les engagements internationaux de la Suisse et viole les droits fondamentaux de ces jeunes.
Nous appelons aujourd'hui à l'unité la plus large afin d'atteindre cet objectif non seulement à Genève, mais dans toute la Suisse. »

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