Fusion radelibe à Genève ?

Bien dégagé au centre

Radicaux et libéraux genevois ont donc décidé, à de fortes majorités, d'entamer leur « rapprochement » en vue, éventuellement, de leur fusion, un jour, peut-être, si tout va bien... Une « fusion » qui serait, quoique les uns, les autres et quelques témoins en disent, l'absorption des premiers par les seconds. Il est vrai que les futurs absorbés n'avaient guère que le choix entre le frai et la disparition locale de l'espèce. Mais actuellement, par l'existence de deux partis distincts, radicaux et libéraux indépendants les uns des autres couvrent un espace politique qui va du centre à la droite; en fusionnant, il réduiront cet espace en le déplaçant vers la droite, et dégageront ainsi au centre un espace politique fort intéressant pour le PDC, les Verts, voire même pour la droite du PS, cette frange politique qui, n'ayant plus ni projet ni culture politiques socialistes, n'est même plus social-démocrate et n'a plus d'autre programme que celui de l'adaptation modernistes des régles du jeu social et politique, et à la défense des consommateurs.

Fusion, fission, fluxion

En fait, la gauche a tout intérêt, à Genève, plus précisément en Ville et dans les grandes communes à la fusion radelibe : les deux partis réunis ne totaliseront sans doute pas les soutiens électoraux qu'ils mobilisent actuellement en étant séparés, et s'il est assez peu vraisemblable qu'une masse de militants et d'élus radicaux s'échapperont vers le centre ou le MCG, et guère plus vraisemblable qu'une masse de militants et d'élus libéraux s'en iront gambader du côté de l'UDC, il est en revanche prévisible qu'un parti radelibe genevois perdra sur sa gauche et sur sa droite des électrices et des électeurs de chacune de ses deux composantes actuelles. Or il se trouve que lors des élections cantonales de 2009, le seul parti de l'Entente à avoir résisté à la poussée du MCG a été le PDC, et qu'en Ville de Genève, L'Entente pèse désormais moins du tiers des suffrages. L'écart entre l'Alternative et l'Entente, en Ville et dans les grandes communes, est tel (autour de 15 point en Ville) qu'il est difficilement imaginable qu'il puisse être rattrapé par l'Entente -ce qui ne signifie d'ailleurs nullement que l'Alternative soit certaine de conserver la majorité absolue des suffrages et des sièges au Conseil municipal, compte tenu de la progression de la droite de la droite (UDC et MCG) et de la scissiparité compulsive de la gauche de la gauche. Si on reportait mécaniquement les résultats de l'élection cantonale 2009 en Ville sur une élection municipale (l'exercice n'a qu'une valeur indicative, puisque les corps électoraux sont différents, mais il suggère probablement la pire des situations envisageable pour l'Alternative), on obtiendrait un Conseil municipal composé de 38 ou 39 élus de l'Alternative, de 25 élus de l'Entente, de 10 élus MCG et de 6 ou 7 élus UDC. Les basculements de majorités politiques se font, sauf exceptions quasi révolutionnaire, par le passage d'une toute petite partie (quelques pour-cent) de l'électorat d'un camp à l'autre. Or en Ville, l'écart entre l'Alternative et l'Entente est si considérable qu'il faudrait pour que l'Entente devienne majoritaire que près de 20 % de l'électorat rose-rouge-vert change de camp et passe en totalité avec armes, bagages et bulletins de vote dans le camp de l'Entente, sans que l'Entente ne perde le moindre point au profit du MCG, de l'UDC ou de l'une ou l'autre des composantes de l'Alternative. Surtout, l'élection de l'exécutif municipal se jouant à la majorité relative, l'écart entre l'Alternative et l'Entente garantit pratiquement à la première, si la « gauche de la gauche » arrive à se rassembler, et sauf alliance de l'Entente et de l'UDC, la majorité absolue, voire l'hégémonie, des sièges à l'exécutif, dans une élection majoritaire, bloc contre bloc, avec un bloc qui pèse quinze points de plus que l'autre... La fusion d'un parti exsangue au plan local et d'un parti inexistant au plan national est finalement une excellente nouvelle pour leurs adversaires (la gauche), leurs concurrents (le centre) et leurs challengers (la droite de la droite)...

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