Honduras : faire entendre la voix des syndicats et du mouvement de résistance

Une radio pour la démocratie et la justice

Fin juin 2009, un putsch militaro-patronal renversait, au Honduras, le président élu, Manuel Zelaya, un homme de droite qui avait opéré un inhabituel virage politique vers la gauche (l'évolution inverse étant, nul ne l'ignore, bien plus fréquente). Les auteurs du putsch ont ensuite organisé, en novembre dernier, après s'être auto-amnistés de leur putsch, une parodie d'élection présidentielle, pour remplacer l'indocile Zelaya par une potiche plus à leur goût, Porfirio Lobo*. La résistance au putsch et à ses suites s'est organisée au sein d'un Front national de résistance populaire, évidemment réprimé par le pouvoir : intimidations, arrestations arbitraires, brutales dispersions de manifestations, assassinats de syndicalistes, exactions de commandos formés par les gros propriétaires fonciers... et tout cela dans le silence des media, tant honduriens qu'internationaux. C'est pour briser ce silence que le syndicat STIBYS et le Front de résistance populaire veulent se doter d'une radio, et ont demandé, et obtenu, le soutien du SOLIFONDS à ce projet. C'est à ce soutien que le SOLIFONDS nous appelle aujourd'hui.

* Officiellement, la Suisse n'a pas reconnu le résultat de ces pseudo-élections, boycottées par l'opposition démocratique hondurienne, et Micheline Calmy-Rey a expliqué que la Suisse ne reconnaissant que des Etats et non des gouvernements, elle reconnaissait le Honduras et non le pouvoir des putschistes et de leurs marionnettes -mais une délégation suisse a tout de même assisté à la cérémonie d'investiture du nouveau président.

Briser le silence

Depuis des années, les mouvements populaires honduriens luttaient pour la mise sur pied d'une Assemblée constituante, ce que le putsch de 2009 visait, entre autres motifs, a empêcher. Syndicats, organisations populaires, autochtones, mouvements de femmes, s'unissant pour la démocratie et la justice sociale, représentaient un danger. Pour parer à ce danger, la caste dominante hondurienne, lâchée par le président élu, qu'elle considérait pourtant comme sien, a eu recours à la bonne vieille méthode du putsch, suivi de la non moins bonne et non moins vieille méthode du retour en arrière politique, social et médiatique. Le 28 septembre dernier, deux media indépendants, la radio Globo et la télévision Canal 36, ont été fermés par les militaires honduriens, pour avoir diffusé des informations sur le putsch, ses commanditaires, ses soutiens étrangers, et sur le mouvement de résistance populaire. Car, dans le silence des media au Honduras, mais aussi à l'étranger, la résistance se poursuit. Qu'en sait-on, ici ? Au Honduras, des canaux d'înformations parallèles continuent de fonctionner -mais ils manquent de moyens, et le relais vers l'extérieur de ce qu'ils arrivent à diffuser à l'intérieur ne se fait pas. Les media honduriens sont aux mains de groupes qui soutiennent le putsch, ou sont interdits et les media étrangers ne s'intéressent pas au Honduras. Pour répondre à ce monopole et à se silence, et pour renforcer le front de résistance auquel ils appartiennent, les syndicats honduriens veulent se doter d'une radio nationale. Que les syndicats soient partie prenante de la résistance démocratique au pouvoir issu du putsch n'a rien que de très logique : le patronat hondurien n'a en effet pas tardé, le putsch commis, à s'attaquer aux syndicats, à la législation sur le travail et aux droits des travailleurs. Et un mois après l'investiture du « président » Porfirio Lobo, trois syndicalistes étaient assassinés. Auparavant, deux cameramen avaient été enlevés et torturés par des policiers, et une radio locale incendiée. Cela aussi doit être connu, au Honduras et hors du Honduras : le projet d'une radio nationale libre, mise en place par les forces démocratiques, est un élément essentiel d'une « contre-information » sur la situation réelle qui prévaut au Honduras. Une situation pas du tout normalisée, sauf à faire du silence la mesure de la normalité, ce qui rendrait plus urgent encore de le briser, ce silence sur le Honduras.

Aidez le Solifonds à soutenir la radio nationale dont les mouvements démocratiques du Honduras veulent se doter :

SOLIFONDS
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