UBS : Pas de décharge pour Ospel...

On ne fera pas sauter la banque

L'Assemblée générale des actionnaires de l'UBS a refusé de voter la « décharge » des dirigeants de la banque (Ospel et compagnie) pour 2007 ? franchement, la direction de l'UBS peut s'en payer le luxe, ça lui en touchera une sans bouger l'autre, ça ne concerne que des gens qui ont démissionné ou ont été démissionnés de leur poste (la « décharge » a été accordée pour 2008 et 2009) . En 2009, Oswald Grübel, directeur général d'UBS, a gagné 16 millions de francs, 57 % de plus que son prédécesseur de 2007. L'écart salarial entre son revenu et le plus bas des revenus des employés de la banque s'est accru de 753 %, Grübel touche 327 fois ce que touche le salarié du bas de l'échelle et s'est mis un million et demi dans les fouilles en un jour (celui de l'assemblée des actionnaires) grâce à la hausse du cours de l'action UBS, l'écart moyen entre la rémunération des membres de la direction d'UBS (9,4 millions par an en moyenne) et les salariés les plus mal payés de la banque a augmenté de 270 % en un an mais « les actionnaires d'UBS ont changé l'Histoire », proclament lune palanquée de commentateurs et de politiciens porte-valises des banques... « changé l'Histoire » avec un grand « H », pas moins... avec le feuilleton bancaire, cela fait déjà trois ans qu'on nous prend pour des cons, on peut donc continuer en nous faisant chanter « Debout, les damnés actionnaires, debout, les forçats de la Bourse » ...

Too big to fail or to jail

« Qui osera attaquer Ospel en justice ? » après que l'assemblée des actionnaires d'UBS ait refusé les comptes 2007 de la banque, s'interroge la « Julie », qui, à l'unisson de presque tout le monde politique suisse, seule la « gauche de la gauche » tentant de garder la tête froide, salue en termes dithyrambiques la révolte du « peuple des petits porteurs », qui n'aurait pourtant pesé que des clopinettes si de gros, très gros porteurs ne l'avaient rejoint pour des raisons n'ayant avec la morale, la démocratie et autres garnitures rhétoriques que de fugaces rapports. Ospel, Wuffli, Rohner se retrouveront-ils devant des tribunaux, après avoir été pendant des années encensés par ceux-là même qui applaudissent à leur désaveu par les actionnaires ? Le président du Conseil d'administration d'UBS, Kaspar Villiger, n'y tient pas (Marcel Ospel n'a-t-il pas été payé un million pour l' « instruire » ?), les actionnaires (sauf les plus gros) n'en ont pas les moyens et le droit suisse ne considère pas comme condamnables des erreurs de management. De plus en plus nombreux sont pourtant au sein des « milieux économiques » ceux qui trouvent que, finalement, traîner les anciens dirigeants de la banque devant la Justice ne serait pas une mauvaise idée et que ça ferait du bien à l'image d'UBS, et de tout le secteur bancaire. Une sorte de rite sacrificiel abrahamique, la main du sacrificateur ne demandant qu'à être arrêtée par le Dieu des marchés. Les anciens dirigeants d'UBS ne sont plus que des boucs-émissaires ou des abcès de fixation. On peut se les payer, tant qu'on ne s'attaque ni à la banque, ni à sa direction actuelle, ni au secteur bancaire. Car la Suisse est prisonnière de ses banques, et donc de leurs directions en place : elle ne peut lâcher l'UBS ou le Crédit Suisse car toute l'économie du pays (telle que ses dirigeants la conçoivent) s'en trouverait menacée. Ces banques, dont le bilan représente jusqu'à quatre fois le PIB national, sont trop grosses pour être abandonnées à leur sort par le pays qui les abrite : c'est ce que confirme une étude demandée par le PSS au professeur Urs Birchler, et c'est ce que manifeste la précipitation avec laquelle l'Etat s'est porté par trois fois au secours d'UBS en débloquant 68 milliards pour racheter ses titres pourris, en autorisant la banque à livrer aux USA des données bancaires, et en négociant avec les USA pour éviter que l'UBS soit inculpée pour ses activités américaines illicites. La Suisse avait-elle le choix ? Nul ne s'attendait à ce qu'elle prenne le risque d'un bouleversement de son économie. Elle a donc sauvé la banque, sans exiger d'elle la moindre contrepartie sérieuse. UBS et CS sont ainsi sous garantie de l'Etat, ce qui leur permet de prendre des risques en sachant que si elles se plantent, l'Etat sera derrière pour les extirper du bourbier. Les banques peuvent chanter très haut, très fort, et très faux, les cantiques de rigueur au libéralisme, elles n'oublieront pas de rappeler qu'après les cantiques, la collecte attend les fidèles.

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