Brèves

Une commission tripartite fédérale, formée de représentants de la Confédération et des cantons, des syndicats et du patronat a proposé d'instaurer un contrat type de travail pour les « travailleurs de l'industrie domestique » (les employés de maison, quoi), fixant un salaire (très) minimum de 18,90 francs de l'heure. Moins de 4000 francs par mois pour un travail à plein temps, donc. Minimum très minimum, accepté comme un plancher absolu par Unia et Travail Suisse (le PS le trouvant quant à lui trop bas), mais refusé par le patronat et la droite, qui nous sort l'artillerie la plus lourde de la mauvaise foi la plus crasse pour nous expliquer qu'avec ce projet d'ordonnance, « l'Etat tente de régir la vie des ménages privé » (alors qu'il ne s'agit que de payer correctement leurs employés), et violerait les « intérêts légitimes des différentes branches » en fixant des minima salariaux «nettement trop élevés». On est curieux de connaître les salaires des gens qui trouvent que 3800 francs par mois est un salaire « nettement trop élevé »... Entre 100'000 et 125'000 personnes sont employées chez des particuliers pour des tâches domestiques et des soins à domicile. Sans compter, évidemment, les travailleuses et travailleurs au noir ou clandestin-e-s. Pour l'heure, Genève est le seul canton à avoir introduit, depuis le 1er juillet 2004, des dispositions contraignantes pour garantir un tant soit peu les droits des « travailleurs de l'industrie domestique ». Et à entendre le patronat helvétique, Genève devrait, dans ce domaine comme dans d'autres du même genre, soigneusement cultiver sa solitude, à moins que le patronat helvétique ne décide de l'entourer d'un cordon sanitaire, pour éviter la contagion de son prudent souci de protection sociale des « gens de maison » .

Voilà qui devrait contribuer utilement à dissiper quelques lourdes ambiguïtés sur l'attitude à adopter face aux campagnes de l'extrême-droite contre la burqa : trois collectifs féministes vaudois* ont, avec le Mouvement de lutte contre le racisme, exprimé leur refus d'une proposition UDC d'interdiction, imposée aux élèves, du port du voile tout au long de la scolarité obligatoire. Les collectifs féministes dénoncent l'hypocrisie, le racisme et le sexisme de partis qui, tout en invoquant l'égalité entre femmes et hommes pour justifier leur islamophobie, n'ont cessé, et ne cessent, de combattre toutes les propositions féministes, et de vouloir démolir les acquis du combat féministe (comme la prise en charge par l'assurance-maladie du remboursement de l'IVG).
* les Sorcières en colère, le Collectif L, la Furie collective.

Le canton de Zoug n'est pas content, et c'est bien fait pour sa gueule. Après avoir pratiqué la sous-enchère fiscale pendant des années et y avoir gagné des couilles en or,. voilà qu'il est concurrencé sur ce terrain par d'autres cantons (Lucerne, notamment). Comme Zoug s'y est enrichi, au dépend des autres, Zoug s'est retrouvé contributeur à la péréquation financière intercantonale, alors que ses concurrents, qui ne sont pas encore enrichis, en sont bénéficiaires. Concrètement, Zoug verse 215 millions aux caisses fédérales pour aider les cantons les plus pauvres, et Lucerne, qui se met, en tant que canton « pauvre » à piquer des contribuables à Zoug, reçoit 311 millions. Avec Zoug, sept cantons sont contributeurs : Zurich (qui raque 618 millions), Genève (314,5 millions), Bâle-Ville (110 millions), Vaud (68 millions), Schwytz (61 millions) Nidwald (15 millions) et Bâle-campagne (5 millions). Tous les autres cantons reçoivent une part de cette péréquation, dont le Valais (pour 420,5 millions à lui tout seul... C'est notre coopération au développement à nous, quoi. Et c'est quand même marrant d'entendre un canton comme Zoug, qui s'est enrichi sur le dos des autres, reprocher maintenant aux autres de vouloir s'enrichir sur son dos. C'est un peu comme si Cologny s'en prenait à Céligny, quoi. Tous les mêmes, ces rupestres.


La Justice genevoise geint. Elle est à l'étroit, la Justice genevoise (des collaborateurs travaillent déjà dans les couloirs), et elle le sera encore plus quand la réforme « Justice 2011 » se concrétisera, le 1er janvier 2011, avec sa palanquée de nouveaux magistrats et de nouveaux collaborateurs (58 places de travail), que la Justice genevoise ne sait pas où installer, et avec les cinq salles d'audiences supplémentaires dont elle a besoin et qu'elle ne sait pas non plus où installer. Les nouveaux bâtiments de la route de Chancy libéreront certes des espaces dans la vieille ville, mais ils seront insuffisants. Et le département des constructions a bien loué un immeuble à la rue Jacqaues-Dalcroze, mais il contient de l'amiante. Bref, ça coince. On peut faire une suggestion innocente et constructive ? Expédions tout ce beau monde travailler et siéger à Champ-Dollon. D'accord, c'est déjà bourré, mais un peu plus, un peu moins... et puis d'ailleurs, si c'est bourré, c'est bien parce que la Justice genevoise, qui est à l'étroit et qui geint, y a entassé des gens, en les y expédiant et en les y laissant en surnombre... Alors ça serait pas mal que la Justice genevoise assume, physiquement, huit heures par jour, cinq jours par semaine, quelques uns des effets permanents de sa noble activité, non ? D'ailleurs, ça devrait être une règle : tout magistrat disposant du pouvoir de coller quelqu'un en prison devrait, avant même d'avoir pu exercer ce pouvoir, passer une petite semaine en prison, au régime normal, histoire de mesurer un peu les conséquences possibles de ses décisions. Ouais, bon, d'accord, on rêve...

Le référendum contre l'agrandissement et la rénovation du Musée d'ethnographie a donc abouti. Les référendaires clament qu'ils n'ont rien contre cet agrandissement et cette rénovation, et qu'ils ne remettent en cause que l'abattage de 30 tilleuls quinquagénaires (d'ailleurs malades, et en plus d'une essence nuisible aux abeilles), ainsi que la disparition d'une haie et celle d'un peu de gazon dans le préau de l'école enfantine du Boulevard Carl-Vogt, mais c'est bien l'ensemble du projet, accepté à l'unanimité par le Conseil municipal, et qui prévoit la compensation de l'abattage des arbres par l'implantation d'autres arbres, que le référendum attaque (un référendum qui n'était soutenu ni par l'Association des habitants de la Jonction, ni par les organisations de défense du patrimoine, ni par l'association « Sauvons nos arbres »). On devrait voter le 28 novembre, cinq mois avant les élections municipales. La proximité des élections va sûrement rendre le débat beaucoup plus serein, et mettre en évidence les véritables enjeux du vote, sans aucun petit calcul électoral. Sûrement.

Un certain Harun Yahia, créationniste turc de l'espèce islamique comme il y en a par ailleurs une évangélique, une catholique, et sans doute aussi une orthodoxe et une juive, plus quelques autres, a prévu d'organiser à Lausanne et Genève, le 25 mai, à grand renforts d'affiches maousses placardées dans toute la Romandie (elle a du pognon, la créature d'Allah), une « conférence scientifique sur l'origine de la vie » . C'est-à-dire un grand moment de délire sur le thème « l'évolution est un mensonge, l'Homme et le singe ne descendent pas d'un ancêtre commun, Darwin est un salaud, Dieu à créé le monde en six jours, l'homme le sixième jour, Harun Yahia dans un moment d'exaltation, le jour férié le septième jour, et la matière est une illusion ». Une conférence tout ce qu'il y a de plus scientifique, on vous dit. D'ailleurs, les compétences scientifiques de Harun Yahia sont largement attestées par son propre cursus : trois ans de prison, un séjour en hôpital psychiatrique et des accointances avec l'extrême-droite turque (qui ne descend pas des loups gris). Tout s'explique. Et on comprendrait fort bien que devant les lieux de la « conférence scientifique » de Harun Yahia, une manifestation de grands singes en colère démente tout lien de famille avec un tel cousin. Faut pas déconner quand même : pour Darwin, l'évolution allait vers l'amélioration des espèces, pas leur dégradation.

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