Horaires d'ouverture des magasins : Faites chauffer le référendum !

Par 62 voix (toute la droite, y compris les défenseurs autoproclamés du petit commerce) contre les socialistes et les Verts, le Grand Conseil a adopté une nouvelle loi sur l'ouverture des magasins, qui prévoit une ouverture jusqu'à 20 heures en semaine, 19 heures le samedi et une ouverture dominicale quatre fois par an. Avec le gaspillage d'énergie (éclairage, climatisation, alimentation de l'informatique) que cela implique, et vive le développement durable ! L'adoption de la loi, cousue main et sur mesure pour les grands magasins, et l'annonce par les syndicats et la gauche du lancement d'un référendum (on votera le 28 novembre), scellent l'échec des négociations entre le patronat et les syndicats SIT et UNIA du secteur. Les syndicats étaient pourtant prêts à faire des concessions sur les horaires, en échange de concessions « significative » du patronat, sur les conditions de travail, mais le patronat a refusé toute compensation salariale du surcroît de travail, toute protection contre les plus longues (jusqu'à 14 heures) journée de travail, et toute mesure réelle de lutte contre la dégradation des conditions de travail dans le secteur. Au final, on se retrouve avec une loi qui dégrade les conditions de travail de gens qui sont déjà parmi les plus mal payés de la République, et avec une loi qui ne répond à aucun objectif rationnel ni aucun besoin réel de la clientèle, mais à une sorte de pulsion patronale (encouragée par la droite politique) dont les employées et les employés du secteur seront les premières victimes, suivies de près par les petits commerces, incapables, contrairement aux grands magasins et aux grandes chaînes de distribution, de compenser les surcoûts d'une ouverture prolongée. Un référendum est sur le feu, préparez vos stylos...

La feuille référendaire est téléchargeable sur le site du syndicat SIT :
www.sit-syndicat.ch/




Arguments bidons

On aura tout entendu, de la part du patronat et de la droite, pour justifier la loi consumériste : l'emploi, la concurrence, l'animation du centre ville, les besoins des consommateurs... Tout, et n'importe quoi. L'ouverture prolongées des commerces ne créée pas d'emplois dans leur propre secteur, sinon des emplois précaires, flexibles, temporaires, à temps partiel imposé. Elle n'en créée pas non plus ailleurs : ceux qui vont passer leur dimanche à faire des courses ne vont pas ensuite aller au restaurant ou au cinéma. Celles (surtout) et ceux qui devront assurer ces ouvertures prolongées, les vendeuses et les vendeurs, non plus : de piquet jusqu'à 20 heures, elles et ils ne pourront quitter leur magasin qu'une demi-heure ou une heure plus tard, le temps de « faire les caisses », de ranger, de se changer... et de rentrer du travail à 22 heures : l'idéal, pour la vie de famille. D'autant qu'il ne faut pas trop compter en ces temps de restrictions budgétaires, sur l'allongement des horaires d'ouverture des crèches et l'amélioration des transports publics vespéraux et dominicaux. Autre argument bidon des partisans de l'allongement des horaires d'ouverture des magasins : ça va animer le « centre-ville ». Foutaise : ce que cela va animer, ce sont les grands centres commerciaux périphériques (Balexert, la Praille). D'ailleurs, de quelle « animation » parle-t-on ? ce qui animerait effectivement le centre-ville, comme l'illustrent les kiosques ouverts le soir, la nuit et le dimanche, ce sont les bistrots, les cinémas, les petits commerces, les marchés, les fêtes de quartier, les lieux de culture... bref : tout ce et ceux que chassent les grands magasins, les banques, les boutiques de luxe et la hausse constante du prix du mètre carré utilisable au centre, hausse précisément provoquée par la surenchère des promoteurs immobiliers et des grands commerces. Enfin, ultime argument du lobby des gros commerçants: il faut pouvoir répondre à la concurrence française, celle des grands centres commerciaux de la périphérie française de Genève. Mais y répondre par une ouverture prolongée des magasins genevois est doublement illusoire : Ce n'est pas parce qu'un magasin sera ouvert plus longtemps qu'il aura plus de clients ou que ses clients auront plus d'argent à y dépenser. Ensuite, ce n'est pas l'argument de l'horaire qui convainc des clients genevois d'aller faire leurs achats en France : c'est d'abord l'argument du prix. Ce n'est donc pas en élargissant les horaires (et la charge de travail du personnel) qu'on augmentera le nombre de clients, s'inventera des clients supplémentaires ou fera consommer plus les clients qu'on a déjà : vous voulez plus de clients, Mesdames et Messieurs les gros commerçants genevois ? baissez vos prix et réduisez vos marges...

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