L'UDC et les banques : Laquais un jour, laquais toujours...

C'était prévisible, et on se surprend pourtant à en être surpris : l'UDC a une nouvelle fois retourné sa veste (ethnique rupestre à l'extérieur, livrée de laquais à l'intérieur) pour complaire aux banques. Après avoir accepté dans les deux Chambres du Parlement fédéral (au Conseil national, cette acceptation a pris la forme d'une abstention) l'« accord UBS » avec les Etats-Unis, qu'ils faisaient mine de dénoncer depuis des mois, les blochériens du Conseil des Etats ont adopté la posture que leur patron leur recommandait, et ont refusé la création d'une commission d'enquête parlementaire. Les banques ne voulaient pas de cette commission, la droite radelibe non plus, l'UDC a suivi, la commission est passée à la trappe. Il reste encore à l'UDC une occasion de retourner une nouvelle fois sa veste-livrée : la proposition de la gauche de soumettre au référendum populaire facultatif l'accord UBS. L'UDC a fait ce qu'elle devait faire -ce qu'elle est depuis toujours prête à faire : de grands moulinets médiatiques pour amuser les foules, tout en préparant, avec les banques et le patronat, la mise en service de l'éteignoir politique. C'est cela, après tout, la fonction du laquais : ouvrir les portes du carrosse, descendre le marchepied et aider le maître à poser l'escarpin sur le plancher des vaches à lait : le bon peuple de ce pays.

Le test du référendum

Il faudra donc se contenter d'un vague groupe d'experts (et encore : même ce placebo pourrait être refusé) pour tenter d'en savoir un peu plus sur ce qui s'est passé au sein de l'UBS, aux Etats-Unis et en Suisse, pourquoi la première banque du pays s'est retrouvée plongée dans un merdier si profond qu'il a fallu mobiliser toutes les ressources publiques disponibles pour l'en sortir encore toute gluante (mais pas reconnaissante pour autant), et pourquoi les autorités de surveillance des banques n'ont rien vu venir de cette crise. A l'UDC, qui s'apprêtait par son abstention à favoriser l'adoption de l'« accord UBS », le président du PS, Christian Levrat, a lancé : « vous êtes élus pour représenter le peuple, et non les intérêts des banques ». Disons plutôt que les udécistes se font élire en disant vouloir représenter les intérêts du peuple, et qu'une fois élus, ils siègent pour défendre les intérêts des banques -et, en l'occurrence, l'impunité de leurs dirigeants. On risque fort d'en avoir une nouvelle confirmation lorsqu'il s'agira de décider si l'« accord UBS » sera ou non soumis au référendum populaire facultatif : Vu son importance, et le débat politique qu'il a suscité, ce serait la moindre des choses. Mais comme cet accord doit entrer en vigueur avant la fin du délai référendaire éventuel, et que s'il n'entre pas en vigueur dans le délai prévu (le 19 août au plus tard) il devient caduc, l'UBS risquant alors de se retrouver piégée devant les tribunaux américains, on ne saurait prendre pour argent comptant les grands discours de l'UDC sur les droits populaires et la nécessité de soumettre au peuple les accords internationaux conclus par la Suisse. Devant le mur d'argent, les baballes rhétoriques de l'UDC explosent, et on peut s'attendre à ce que les blochériens (qui s'y préparent déjà, en déclarant comme leur chef de groupe, Caspar Baader qu'ils ne voteront pour le référendum qu'« aussi longtemps que possible »...) remettent leur livrée de laquais des banques pour soustraire l'accord à un référendum (que la Jeunesse socialiste, entre autres, mais aussi la Lega tessinoise, sont prêtes à lancer) dont l'issue est plus qu'incertaine. Et dont le lancement, sans même préjuger de son aboutissement, empêcherait le Conseil fédéral de transmettre au fisc américain les données bancaires qu'il devrait lui transmettre d'ici au 19 août sous peine de quelques mesures de rétorsion à l'encontre des banques suisses.. D'où la grande peur des banques, et les contorsions des antipodistes politiques de la bande à Baader et à Blocher.

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