Plan-plan de législature

Programme du Conseil d'Etat genevois :
Plan-plan de législature

Nos sept magnifiques seigneurs et seignoresses, baillis et baillies, ont présenté leur « programme de législature ». On ne s'attendait pas à grand chose, on a eu ce à quoi on s'attendait, on ne sera donc pas déçus. L'emballage, d'ailleurs, était clinquant : beau papier, belle présentation dans un bel endroit... une jolie opération de com'... Quant au contenu : « il faut être indulgent », plaide la cheffe du groupe socialiste au Grand Conseil. Voui, Lydia, on va être indulgents. D'abord parce que c'est dans notre nature profonde. Ensuite parce qu'on ne voit pas comment on pourrait être sévères sans être injustes : comme le dit un bon vieux proverbe vaudois : « à ceux à qui il a été peu donné, il faut peu demander ». Le gouvernement genevois est d'un centre-droit plutôt droite que centre, et est affublé de la majorité parlementaire la plus à droite que Genève ait connu depuis 1941... On a beau être optimiste, puisque socialiste, on ne croit pas aux miracles. Et ç'en eût été un que ce gouvernement, veillé par cette majorité, produise plus que ce qu'il a produit. Beaucoup de vent : celui que font les portes ouvertes quand on les enfonce.

La bof-législature

Paraphrasons Siéyès : Qu'est-ce qu'un programme gouvernental ? le programme politique d'un gouvernement; qu'est-ce que le programme du gouvernement genevois ? un catalogue de bonnes intentions. Qu'aurait-il dû être ? Un ensemble de réponses aux principaux problèmes vécus par les habitantes et les habitants de la Parvulissime République. Prenons en quelques uns, de ces problèmes, et tentons de déceler dans le programme gouvernemental les réponses qu'il y donne, quand il en donne. La crise du logement ? On attend qu'elle passe toute seule : le canton ne construira pas. Il laissera les privés construire. Et comme les privés construisent en fonction de leurs propres intérêts et de leurs propres critères de rentabilité, les logements construits ne correspondront pas aux besoins de la majorité de la population urbaine. Pour le reste, on agite le projet « Praille-Acacias-Vernets » (qui n'a toujours pas de directeur) comme un hochet, mais en 2012, le plan directeur et les plans localisés de quartier seront le théâtre de dures négociations, entre ceux qui veulent construire n'importe quoi, n'importe comment, n'importe où, et ceux qui ont de l'aménagement de cette zone une conception cohérente, organisant intelligemment le rapport entre logements, emplois, espaces verts et services publics. Ensuite : la sécurité... le gouvernement annonce l'engagement de 200 policiers, dont une centaine de gendarmes.. soit une dépense supplémentaire de plusieurs dizaines de millions de francs pour un canton dont on vient de réduire les ressources en distribuant de jolis cadeaux fiscaux aux revenus et aux fortunes supérieurs à la moyenne. N'oublions pas les prisons, parce que là, du logement (confiné), l'Etat est d'accord d'en construire, beaucoup : des centaines de places de détention supplémentaires qui vont, immanquablement, être emplies de détenus -sans pour autant que l' « insécurité » en soit affectée, ni même la surpopulation carcérale réduite puisqu'on les nouveaux lieux de détention déborderont eux aussi au bout de quelques années. Enfin, la mobilité : le canton annonce que dès 2012, un système de location de vélos en libre-service sera mis en place, et qu'il est en train de choisir les vélos. C'est bien, mais la Ville allait de toute façon le faire. Le chantier du CEVA va démarrer en 2010. C'est bien, mais c'est le peuple qui en a décidé. Le tram ira jusqu'au CERN et jusqu'à Bernex. C'est bien, mais c'est déjà en phase de réalisation -et la droite s'oppose à ce que l'effort en faveur du tram se poursuive sur le même rythme. La réalisation de la traversée autoroutière du petit-lac est reportée à 2030, si elle se fait (on espère bien que non), son étude est annoncée pour 2011 (souhaitons qu'elle soit longue) et la proposition d'un tracé pour 2013 (on le souhaite hélicoïdal, avec entrée et sortie du côté de Céligny). Pour le reste, pas grand chose, ou presque rien, sur la crise, le chômage, le dumping salarial et les inégalités, le sort de la fonction publique. Mais peut-être sur ces enjeux le gouvernement genevois a-t-il choisi de taire ses intentions réelles...

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