Fonds de tiroir

Le Conseil administratif de la Ville va proposer au Conseil municipal un crédit de deux millions pour fermer le square de Chantepoulet au trafic automobile, et le transformer en place publique et en zone de détente dans le prolongement de la zone piétonne du Mont-Blanc. C'est une excellente idée, mais on se demande quand même combien de temps il faudra attendre pour que le lobby des bagnoles nous propose un parking souterrain à Chantepoulet en échange de la zone piétonne, et que Chevrolet propose de faire passer les voitures par la zone piétonne au nom de la complémentarité des modes de transport ? Le temps qui nous sépare des élections, peut-être ?

Or donc, la Suisse a bel et bien envisagé une opération d'« exfiltration » (de libération, quoi) de ses otages en Libye, d'abord en comptant sur l'aide de l'Algérie, puis sur celle de l'Egypte, à chaque fois en prévoyant de faire sortir Max Göldi et Rachid Hamdani de Libye par voie terrestre, jusqu'à la frontière. Et ça n'a pas marché, notamment parce qu'en échange de ses bons services, l'Algérie aurait demandé à la Suisse de lui livrer quelques opposants islamistes réfugiés en Helvétie. Mais surtout, ça a provoqué un beau foin au sein du Conseil fédéral, Hans-Rudolf Merz nous la jouant vierge offusquée en se plaignant de ne pas avoir été tenu au courant par Micheline Calmy-Rey et Ueli Maurer de ces plans alors qu'il se rendait précisément en Libye pour cirer les pompes de Kadhafi en échange des deux otages. D'où une amusante guéguerre entre Merzeli et Calmuche, après que la seconde ait finalement ramené le dernier otage en Suisse, et une non moins amusante demande de l'UDC : la démission de Micheline Calmy-Rey. Histoire de compenser la démission de l'UDC devant les banques dans l'affaire de l'« accord UBS » , ou la prise d'otage des UDC romands par les caporaux de l'aile zurichoise du parti blochérien ?

Le Conducator du MCG se lance dans une nouvelle croisade, contre un ennemi à sa mesure : les animateurs du jeu (un piège à cons) du bonneteau. « Vu le manque de considération des élus pour ces escrocs qui pigeonnent les Genevois, et le manque d'effectifs de la police, nous lançons une action ce samedi. Nous allons les harceler partout pour empêcher ces malfrats de commettre leur délit », promet Eric Stauffer. La concurrence entre escrocs s'aggrave dans les rues de Genève...

Encore une idée géniale de l'UDC (mais où donc vont-ils chercher tout ça ?) : le Conseiller national obwaldien Christoph von Rotz propose l'introduction d'une vignette « gold » ou «VIP» autorisant son possesseur à rouler sur la troisième voie des autoroutes qui en sont dotées (le rupestre propose en outre de doubler le nombre de ces voies rapides). L'autoroute rien que pour les riches, en voilà une idée qu'elle est bonne. Mais faut la peaufiner : la vignette « gold » pourrait ainsi autoriser son possesseur à rouler à contre-sens sur l'autoroute, à se garer sur les pistes cyclables ou à circuler dans les zones piétonnes, tant qu'à faire. Les pauvres, y-zont qu'à se garer. D'ailleurs, les pauvres, y devraient pas avoir le droit de sortir de chez eux, ça serait plus simple, on circulerait mieux.

« Malgré un cadre juridique international cohérent, la torture continue à prévaloir dans de nombreuses régions du monde et s'accompagne souvent d'un niveau alarmant d'impunité », affirment des experts des Nations Unies à l'occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, le 24 juin. Ces experts appartiennent à quatre mécanismes des Nations Unies impliqués dans la prévention de la torture et l'assistance aux victimes : le Comité des Nations Unies contre la torture, le Sous-comité pour la prévention de la torture, le Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et le Conseil d'administration du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture. « La torture continue à être largement répandue et certaines pratiques équivalentes à de la torture ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants, ont été fortifiées, en particulier dans le contexte de la guerre contre le terrorisme mise en oeuvre après le 11 septembre 2001 », affirment ces experts, qui constatent que «certains Etats, invoquant différents types d'urgence, ont été directement ou indirectement impliqués dans des pratiques telles que la détention secrète, les disparitions, l'expulsion ou l'extradition d'individus vers des pays où ils courent le risque d'être torturés, soumis à d'autres formes de traitement illégal ou à des peines en violation de la Convention contre la torture et d'autres instruments relatifs aux droits de l'homme et droit humanitaire ». L'absence de dispositions légales élevant la torture au rang de crime ou prévoyant des sanctions adéquates est désignée par les experts onusiens comme le facteur principal qui contribue à l'impunité. « Les Etats doivent s'assurer que tous les actes de torture aient le statut de crimes dans leur droit pénal interne et soient punissables par des sanctions qui prennent en compte la gravité de tels actes ». « Nous voyons souvent que dans les rares cas où des tortionnaires sont poursuivis, ils reçoivent des sentences bien en dessous de ce qui est requis par le droit international », ajoutent les experts, qui se disent « stupéfaits de voir que dans presqu'aucun des cas récents, il n'y ait eu d'enquêtes et de poursuites judiciaires concernant ces allégations, presque personne n'a été amené devant la justice, et (que) la plupart des victimes (n'aient) reçu aucune réparation, y compris sous forme de réhabilitation ou de compensation ».

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a demandé le 23 juin à la Suisse d'abroger l'interdiction de construire des minarets, adoptée en votation populaire en novembre 2009. Les parlementaires européens ont considéré que cette interdiction discriminait les musulmans, et que la construction de minarets devait être possible au même titre que celle de clochers. Cette recommandation a été approuvée à l'unanimité, y compris au sein de la délégation suisse, qui comprend un parlementaire UDC, le vaudois André Bugnon. L'esprit souffle où il veut, mais parfois un peu mou, et un peu tard.

Intervenant dans la polémique sur les vélléités de la Suisse d'organiser une opération d'« exfiltration » de ses otages en Libye, en usant éventuellement du « détachement de reconnaissance de l'armée » (le DRA-10), l'UDC a demandé la dissolution de cette unité, au motif qu'il s'agirait d'un instrument dangereux qu'on serait tenté d'utiliser sous le coup de l'émotion. C'est un peu comme l'instrument de l'initiative populaire quand il est utilisé par l'UDC, quoi.

« Le Courrier » de vendredi nous l'apprend, sans que cela nous surprenne vraiment : l'UDC genevoise avait songé à proposer qu'à la répression de la mendicité, imposée à Genève par le cartel de toutes les droites, s'ajoute la répression de l'aumône -une idée stupide, mais qui avait déjà, s'il nous en souvient bien, germé dans la tête d'un socialiste lausannois. Finalement, l'UDC a renoncé à son idée (et, sauf erreur, le socialiste lausannois aussi), au nom du droit des gens à faire ce qu'ils veulent de leur argent. Et du risque qu'il y avait à susciter des aumônes de protestation contre l'interdiction de l'aumône. Déjà que l'interdiction de la mendicité est un flop évident, il n'était en effet pas forcément judicieux de transformer l'aumône aux mendiants en acte subversif...




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