La « gauche de la gauche » genevoise se re-réunit

Ouf !

Bonne nouvelle : la « gauche de la gauche » genevoise partira sur une liste commune aux élections municipales de l'année prochaine. Le Parti du Travail, solidaritéS, les communistes, les indépendants de gauche, et « Défense des aînés, des locataires, de l'emploi et du social » ont signé jeudi dernier un accord en treize points, reprenant l'essentiel de l'accord instituant « A Gauche Toute ! » en 2007. En faisant liste commune, les diverses formations se situant (elles-mêmes) à « la gauche du PS et des Verts », évitent la réédition des calamiteuses expériences de 2005 (élections cantonales), 2007 (élections nationales) et 2009 (élections cantonales) lorsque, se dispersant sur plusieurs listes, elles réussissaient l'exploit de réunir ensemble entre 12 et 15 % des suffrages sans obtenir le moindre siège. Il leur aura fallu trois échecs successifs pour comprendre, mais elles auront compris. Et c'était une condition pour que la majorité alternative se maintienne, voire se renforce, en Ville de Genève.

Pas deux, trois !

« L'union est un combat », avait coutume de dire l'inoubliable George Marchais. Et même parfois, ajouterons-nous malignement, un combat de chiffonnier. Les plaisanteries politiques les plus courtes étant les meilleures, avec l'accord passé entre ses diverses composantes pour les Municipales et, espérons-le, les Nationales de 2011, la «gauche de la gauche» genevoise tire les leçons de ses divisions et se redonne les moyens de sa représentation dans les institutions parlementaires et dans plusieurs exécutifs municipaux (en Ville de Genève et à Carouge d'abord, où elle siège déjà avec Rémy Pagani et Jeannine de Haller, dans d'autres, peut-être, ensuite). Une alliance était indispensable, elle est conclue, et c'est fort bien. Mais une alliance, ce n'est pas encore l'unité, une plate-forme électorale, pas encore un programme, et une majorité politique dans un parlement municipal, pas encore une réelle alternative, même si cela en porte le nom. A Genève, la gauche «élargie» (Verts compris, donc) est certes majoritaire en sièges, et parfois en suffrages, mais plus qu'à sa propre force, elle doit cette majorité aux faiblesses de la droite locale et à la concurrence féroce que se livrent sur le terrain du populisme bas de plafond (s'il en est un autre) le MCG (pas encore représenté au Conseil municipal, mais ça viendra), l'UDC genevoise (en pleine guerre tribale) et une Entente bourgeoise dont, en Ville de Genève, deux des trois composantes (le PDC et les radicaux) ne pèsent plus grand chose, sinon, pour les radicaux, le poids électoral de leur Conseiller administratif, unique représentant de la droite à l'exécutif municipal. La réunion des diverses composantes de la « gauche de la gauche » donne à l'Alternative la possibilité, seulement la possibilité, de maintenir, voire d'élargir, sa majorité municipale -mais ne dit rien de ce qu'elle pourra en faire, ni comment elle pourra surmonter les contradictions qui la traversent -et qui traversent chacune de ses composantes. Elle dit surtout clairement qu'il n'y a, à Genève, de majorité « alternative » possible que tricolore (rouge, rose et verte), et que l'exercice qui consisterait à réduire ce beau chromatisme politique à un sommaire bicolorisme (rose-vert, par exemple) ne pourrait aboutir à rien d'autre qu'à un cadeau fait à la droite et à l'extrême-droite : celui d'une majorité municipale qu'elles sont hors d'état d'atteindre sans cela.

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