Suisse, Philippines, Thaïlande : Le Triumph de la volonté (de licencier)

En 2009, la multinationale Triumph, domiciliée en Suisse, et qui fait dans le sous-vêtement, a licencié 3500 ouvrières aux Philippines et en Thaïlande, puis 253 en Suisse, à Deisswil (Berne). Triumph ne se distingue pas du commun des multinationales : partout, on licencie, on précarise, on baisse les salaires, on transfère les coûts sociaux sur les collectivités publiques (ou sur la charité privée), on détériore les conditions de travail, on affaiblit les protections de la santé, on s'attaque aux droits syndicaux. Mais si en Suisse il est (encore) possible de négocier des plans sociaux, aux Philippines, les ouvrières licenciées le sont sans filet, et se retrouvent à la rue, malgré les obligations légales et les appels à le négociation. Et contre le syndicat des ouvrières du textile, c'est la police qu'on envoie. Le SOLIFONDS (www.solifonds.ch) participe au soutien aux ouvrières du textile aux Philippines et en Thaïlande, et à leurs syndicats.

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Multinationale germano-suisse et l'un des principaux producteurs mondiaux de lingerie et de sous-vêtements, Triumph International (présente dans 120 pays, employant 45'000 personnes, affichant un chiffre d'affaire de 2,37 milliards de francs en 2008), a fermé à l'été 2009 deux usines aux Philippines, et licencié d'un coup 1663 travailleuses. En Thaïlande, Triumph a licencié 2000 employées. Ces licenciements, au prétexte de la crise et de la baisse de la consommation de produits de luxe en Europe et en Amérique du nord, mais plus sûrement au motif de se débarrasser des syndicats, ont été décidés sans aucune consultation des organisations ouvrières et sans aucun plan social. Aux Philippines, les ouvrières se sont mobilisées pour empêcher l'entreprise de déménager ses machines avant qu'un accord social ait été trouvé entre Triumph (qui se refuse à toute négociation) et le syndicat BPMTI. La société américaine Food Terminal, qui gère la zone industrielle ou se trouve l'usine Triumph, a fait appel aux forces de sécurité pour donner l'assaut, en mai, aux piquets installés par le syndicat devant les portes des usines. Cet assaut a fait plusieurs blessées dans les rangs des ouvrières, et un tribunal aux ordres a interdit leur rassemblement à proximité des usines de Triumph. A la violence policière, Food International a ajouté la violence financière, en exigeant, à titre de dommage intérêts (les piquets de travailleuses l'ayant empêché de louer les terrains devant l'usine Triumph), plus de 115'000 euros des ouvrières licenciées. Celles-ci ne baissent pas les bras, et tentent désormais de constituer une coopérative de production pour relancer l'activité de l'ancienne usine Triumph, pendant que Triumph organise la délocalisation de sa production vers des régions où les organisations syndicales sont faibles. Il y a quelques mois, la société a ainsi embauché de nouveaux ouvriers pour venir travailler dans une zone d’exportation de la province de Laguna. Le ministère du Travail des Philippines se positionne clairement du côté de Triumph En Thaïlande, où la société bénéficie d'exemptions fiscales et d'exemption de taxes à l'exportation, deux nouvelles unités de production Triumph ont vu le jour. Près de 1.000 ouvrières et ouvriers y occupent déjà des postes – sans aucune représentation syndicale.

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