Budget de la Ville de Genève : L'équilibre, quoi d'autre ?

Le Conseil administratif de la Ville a présenté le projet de budget municipal pour 2011, et le Conseil municipal s'est offert une chtite séance parfaitement superfétatoire pour en prendre acte, permettre à chaque groupe de faire son petit tour de piste, et, pour le plaisir additionnel, à chaque Conseiller-e municipal-e qui aurait des états d'âme à transmettre à la population avide de les entendre, de s'exprimer sur un pavé qu'il ou elle n'aura certainement pas encore eu le temps de lire, de comprendre et d'analyser. Exercice convenu, rituel, où, puisque la Municipalité est de gauche, la gauche saluera le budget (avec ou sans réticences, avec ou sans amendements) que la droite déénoncera (avec ou sans amendements, avec ou sans conviction). L'UDC et les libéraux réclameront des baisses d'impôt, le PDC plus de soutien aux familles, les radicaux plus de places pour les bagnoles, les Verts plus de zones piétonnes, les socialistes plus de logements sociaux, A gauche Toute ! plus d'investissements, l'Alternative plus de soutien à la culture alternative et l'Entente plus de soutien au Grand Théâtre... chacun obtiendra quelque chose, personne n'obtiendra tout ce qu'il demandait et dans trois mois le budget de la Municipalité de gauche sera voté par la majorité de gauche, contre l'opposition de droite. Le budget de la Ville est équilibré ? Les rituels politiques aussi...

Ce qu'on fait d'un milliard

A 40'000 francs de bonus près, le budget de la Ville est équilibré malgré les incertitudes économiques (reprise ? pas reprise ? quelle reprise ?), les pertes de revenus (près de 50 millions en moins) dues aux cadeaux fiscaux déjà accordés par le canton, le risque d'une perte supplémentaire de 113 millions (soit plus de 10 % du budget total de la Ville, qui ne pourraient être compensés que par une lourde augmentation de l'impôt direct municipal) si la taxe professionnelle devait, comme en rêve la droite, être abolie (un autre cadeau, aux entreprises celui-là, et surtout aux plus grosses d'entre elles)... Quant aux charges, elles augmentent puisque les prestations augmentent (le budget accordé à la petite enfance est accru, la professionnalisation des ludothèques a un coût, la création d'emplois (notamment de policiers municipaux) aussi... Et malgré tout, le budget est équilibré, depuis le début de la législature la dette a diminué de 430 millions et sa charge (son coût) a été divisée par deux en dix ans. Tout baigne, alors ? Hélas non : parce que la menace persiste, et même se précise, d'une offensive cantonale contre les ressources des communes en général, et de la Ville en particulier. A défaut (quoique ce vieux rêve de droite ne se soit toujours pas évaporé et qu'en traînent encore, notamment à la Constituante, quelques fumerolles) de pouvoir politiquement supprimer la Ville, asséchons ses finances... Il est vrai qu'avec un budget de plus d'un milliard, la Ville ne pèse pas seulement de son poids politique, démographique, social et historique : elle pèse aussi d'un poids économique considérable. Le vote du budget, pour ceux qui consentent à accorder un budget à la commune et ne s'y font pas élire en rêvant de l'abolir, est le moment de donner réponse à trois questions, bien plus politiques que comptables. Qu'attend-on du budget d'une collectivité publique ? qu'il lui donne les moyens d'accomplir ses tâches. Qu'attend-on du budget d'une municipalité de gauche ? qu'il lui donne les moyens de faire des promesses électorales autre chose que de jolis mots hivernaux volatiles le printemps passé. Qu'attend-on du budget de la Ville ? qu'il affirme, concrètement, par les tâches que la Ville accomplit, y compris celles qu'elle accomplit pour d'autres, et par les droits qu'elle concrétise, que la collectivité publique superfétatoire, celle qui fait doublon, celle dont on pourrait se passer, à Genève, ce n'est pas la Commune, c'est le canton.

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