Fonds de tiroir

L'attention, par ailleurs légitime, que l'on porte aux tentatives de fondamentalistes musulmans de se soustraire, et de soustraire leurs enfants, à la laïcité (même relative) régnant dans nos écoles ne devrait pas nous faire oublier que la plupart des tentatives de ce genre émanent de notre bon vieux fondamentalisme chrétien : dans le canton de Vaud, une association dénonce l'évocation «païenne» de sorcières dans un ouvrage pour enfants; même cible (et mêmes tireurs) dans le canton de Fribourg; un peu partout, des parents fondamentalistes chrétiens refusent de laisser leurs enfants suivre les cours d'éducation sexuelle, ou de biologie dès lors qu'ils abordent des questions liées à la sexualité, et d'autres (ou les mêmes) exigent que les théories créationnistes soient enseigées concurremment à celle de l'évolution, d'autres encore (ou les mêmes) veulent proscrire la présence (païenne) de sapins de noël dans les écoles. Des parents refusent que leurs filles aillent en camp de ski parce qu'elles devraient y porter des pantalons (de ski), ou à la piscine avec leurs petits camarades, d'autres refusent de les laisser assister à un concert parce qu'il a lieu dans une église, lieu consacré. Bref, pour écraser définitivement l'infâme, même dans nos écoles, y'a encore quelques coups de talon à donner.

ETA a annoncé un cessez-le-feu et sa disposition à convenir avec le gouvernement espagnol de «conditions démocratiques minimales pour entamer le processus démocratique » et pacifique vers l'indépendance d'Euzkadi. C'est le moment de se rendre compte que la lutte armée pour la lutte armée, et par n'importe quel moyen, ne mène qu'à une impasse, même si ça n'est pas la première fois qu'ETA proclame un cessez-le-feu pour ensuite le rompre. C'est le moment, parce que ceux qui connurent (et soutinrent) l'ETA antifasciste du début des années septante, fer de lance du combat contre le franquisme, n'y reconnaissaient plus rien dans l'ETA d'aujourd'hui, tribale, sans projet politique ni stratégie cohérents.

Deux détenus qui tentaient de s'évader de Champ-Dollon samedi dernier ont été repris et collés au mitard. Alors comme ça, même ceux qui tentent de contribuer à la lutte contre la surpopulation carcérale sont punis ? Et on s'étonne qu'on n'arrive pas à vider Champ-Dollon ?

Une nouvelle riche idée pour rendre les voyages en avion « low cost » encore plus foireux : le PDG de Ryanait suggère de remplacer les copilotes, trop coûteux, par des hôtesses de l'air. C'est un bon début. Prochaine étape, faire piloter les avions par les passagers ?

« La Genève internationale, un écosystème équilibré », titre la «Feuille d'Avis Officielle » du 3 septembre. En effet : on trouve de tout : des vautours et de blanches colombes, des hyènes et de doux agneaux, des blaireaux, des perroquets, des singes hurleurs, des saules pleureurs, des mouettes rieuses...

Un soi-disant pasteur, plutôt du genre de celui que jouait Robert Mitchum dans « La Nuit du chasseur » que du genre Martin Luther King, avait prévu d'organiser le 11 septembre une petite cérémonie de crémation du Coran : « nous croyons fermement que c'est Dieu qui nous appelle à le faire », expliquait le « pasteur » Terry Jones, chefaillon d'un groupuscule intégriste protestant de Floride. Du coup, le chef des forces américaines en Afghanistan, le général Petraeus, a exprimé sa crainte de vengeances contre ses soldats, de la part de talibans croyant tout aussi fermement que c'est Dieu qui les appelle à faire un carnage. C'est une nouvelle version de la théorie des catastrophes : après le battement d'aile d'un papillon chinois qui provoque une tornade en Floride, on a le battement d'élytres d'un cafard en Floride qui peut provoquer un massacre en Afghanistan.....

A droite, nombreux étaient ceux qui pensaient pouvoir s'offrir sur un plateau la tête de Micheline Calmy-Rey, après l'Affaire libyenne, à propos de laquelle ils accusaient Calmuche d'avoir méchamment caché au Conseil fédéral en général, et en particulier au brave Hans-Rudolf Merz avant qu'il n'aille se prosterner devant le Guide tripolitain, que la Suisse envisageait d'aller «exfiltrer» de Libye les deux otages helvètes que le clan Kadhafi y retenait. Et puis voilà, patatras ! on apprend que non seulement la présidente de la Confédération, Doris Leuthard, avait été informée par Micheline Calmy-Rey et Ueli Maurer d'une possible opération d'exfiltration, ce qui fait déjà porter le chapeau à trois des membres du Conseil fédéral sur sept, sans compter que Doris Leuthard en a probablement aussi averti (ou en tout cas qu'elle aurait du le faire) les quatre autres membres du gouvernement, mais qu'en plus, le chef de l'armée avait paraphé un « concept d'opération », ce qui signifie que tous ceux qui devaient être mis au courant l'avaient été. Et que Merzeli n'a pas été l'innocente victime d'un complot ourdi par Calmuche, mais n'a été, dans cette histoire, innocent que dans le sens qu'on peut donner à ce terme quand on évoque l'innocent du village. Bon, ben voilà : dans les sept nains, on a déjà repéré Simplet. Et même Blanche-Neige.

Après le Conseil National, le Conseil des Etats devrait décider que l'hymne national (le « cantique suisse ») sera joué lors de la prestation de serment des parlementaires fédéraux. Bah, bien sûr, il est chiant, notre hymne, mais au moins il ne nous invite pas à abreuver nos sillons d'un sang impur. Et de toute façon, que les parlementaires prêtent serment avec ou sans hymne national, ça ne changera pas leurs décisions. Même si on change les paroles de la première strophe du premier couplet :pour en faire un optimiste « Sur nos monts quand le réveil, nous tire d'un profond sommeil »... N'empêche : prions (mais qui ?) pour que ne vienne pas à un Conseiller municipal ou un député de Piogre l'idée saugrenue de nous faire chanter le « Cé què lé nô » lors des prestations de serment des membres de ces illustres conseils. Parce qu'alors, ça n'est pas le poing qu'il nous faudrait lever en prêtant serment, mais un doigt, un seul. Le majeur, de préférence.

Selon un sondage mené auprès de 3000 femmes par un fabricant de tests de grossesses, il faudrait en moyenne 104 rapports sexuels (version complète, avec ou sans options) pour qu'une femme tombe enceinte. Ouais, pour faire des gosses, faut compter les coups, pas les coûts...

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