Luc Barthassat, Jean-Charles Rielle, Alain Morisod, Oscar Tosato, Sandrine Salerno, et les autres : MERCI !

Les bonnes nouvelles sont si rares, dès lors que l'on évoque la politique suisse à l'égard des immigrants en général, et des immigrants sans statut légal en particulier, qu'on saluera comme elles le méritent, et surtout comme le méritent celles et ceux qui se sont battus pour qu'elles soient prises, deux décisions récentes : Mardi, le Conseil des Etats, suivant le Conseil national, a accepté une proposition du démocrate-chrétien genevois Luc Barthassat (mais refusé deux propositions visant au même objectif, émanant l'une du vert genevois Antonio Hodgers et l'autre du canton de Neuchâtel), chargeant le Conseil fédéral de mettre en oeuvre un dispositif permettant aux jeunes « sans papiers » (ou plutôt sans statut légal de résidence, puisque des papiers, ils en ont,des vrais, et de toutes sortes) d'accéder à une formation professionnelle par apprentissage. Quelques jours auparavant, à Genève, la famille kosovare Selimi recevait de l'Office des migrations l'autorisation de rester en Suisse, alors qu'elle devait en être expulsée. Dans les deux cas, celui de la famille Selimi et celui des jeunes apprentis « sans papiers », il aura fallu à la fois une mobilisation de l'opinion publique et des démarches de responsables politiques pour que deux petites brèches soit faites dans la xénophobie d'Etat et son manteau d'hypocrisie et d'arguties procédurières. A Luc Barthassat, Jean-Charles Rielle, Alain Morisod, Oscar Tosato, Sandrine Salerno, et tous les autres perceurs de brèches : merci !

Premier coin, premier pas

Ils ne sont pas des milliers, ils sont quelques centaines chaque année (200 à 400 selon les estimations), ces jeunes qui désireraient commencer un apprentissage et ne le peuvent pas, précisément parce que leurs parents sont « sans papiers », et qu'eux aussi le sont par un héritage qu'ils ne peuvent répudier, alors que leurs camarades sans plus de papiers qu'eux mais souhaitant poursuivre des études secondaires, puis universitaires, peuvent parfaitement les faire. En acceptant de lever cette inégalité absurde, et de résoudre un problème créé de toute pièce par l'arbitraire bureaucratique et la xénophobie d'Etat, le parlement fédéral remet, prudemment, une pendule à l'heure -celle d'une véritable libre circulation des personnes. Les jeunes sans statut légal devraient donc pouvoir effectuer un apprentissage en Suisse, puis, dotés d'une véritable formation, rentrer dans leur pays pour y commencer leur vie professionnelle, à moins que, leur statut régularisé entretemps, ils décident de rester en Suisse et de contribuer, par la formation acquise ici, à la société d'ici. Luc Barthassat commente fort justement : « cela met fin à des décennies d'une hypocrisie qui consistait à cacher cette problématique sous la tapis ». mais le tapis est grand, et épais, et si les municipalités de Lausanne puis de Genève ont aidé une majorité parlementaire à la transformer en décision, et ont de ce tapis soulevé un grand coin, le tapis reste, et recouvre toujours une foultitude d'hypocrisies du même acabit que celle qui discriminait les jeunes « sans papiers » -d'autres hypocrisies auxquelles il faudra probablement s'attaquer de la même manière : « c'est en bousculant les lois injustes qu'on peut espérer les changer », rappelle Le Courrier. Rappel fort utile, en particulier pour les héritiers présomptifs, et oublieux, des révolutionnaires libéraux du XVIIIe siècle, et radicaux du XIXe, qui en « bousculant » les lois de leur temps, ont permis d'en finir avec celles de l'Ancien Régime. La « provocation » des villes de Lausanne et de Genève, a poussé à faire un pas. Mais un pas seulement vers le respect de la Convention internationale des droits de l'enfant. Le pas suivant, qui reste à faire, c'est celui de la régularisation collective des « sans-papiers ». A l'annonce de l'autorisation donnée à la famille Selimi, à Genève, de pouvoir rester en Suisse alors qu'elle devait en être expulsée, l'UDC de Piogre a grincé « l'émotionnel a surpassé le droit » et exprimé sa crainte que ce « mauvais exemple » se généralise. « Il y a 160'000 Musa Selimi en Suisse », a contreponctué Alain Morisod, qui avec d'autres (notamment le socialiste Jean-Charles Rielle et le démo-chrétien Luc Barthassat) s'est battu pour que le premier de ces 160'000 puisse rester avec sa famille là où il a trouvé accueil, travail, perspectives, intégration... Les craintes de l'UDC que le « cas Selimi » ait valeur d'exemple ne sont rien d'autre que nos espoirs, pour ces 160'000 parias.

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