Municipalité de Genève : Yes, we Kanaan !

Les socialistes de la Ville de Genève ont donc choisi, et bien choisi, Sami Kanaan pour accompagner Sandrine Salerno à l'élection du Conseil administratif, sur une liste qui portera aussi les noms des candidates et candidats des Verts et d'A Gauche Toute !.Sami Kanaan, Sandrine Salerno, Rémy Pagani sont déjà partants, et du chapeau vert vont la semaine prochaine sortir les noms d'une femme et d'un homme pour parfaire le choix présenté par l'Alternative. Au risque de lasser, on le redit, au cas où ça manquerait encore de clarté : l'exécutif municipal genevois est élu de fait à la majorité simple : les cinq candidates et candidats qui obtiennent le plus de voix sont élue-s dès lors qu'ils ont obtenu le tiers des suffrages. Pour autant qu'elle fasse listes communes, l'Alternative est donc en mesure de faire élire autant de candidates et de candidats qu'elle en présente. Quant à la droite, même si c'est la mendicité, pas l'aumône, qu'elle a fait interdire à Genève, c'est à elle de se battre pour garder un siège que la gauche n'a pas mission de le lui octroyer par compassion.

Terre promise et bastions

« Il n'est pas de sauveur suprême » : on croyait les socialistes oublieux du texte de l'Internationale, ils s'en sont au moins souvenus de ces quelques mots, et d'une arithmétique électorale qui leur pertmet, dans le cadre d'une alliance majoritaire lors d'une élection majoritaire, se passer du confort d'électorats personnels acquis et prendre le risque de présenter au Conseil administratif un candidat qu'eux-mêmes connaissent bien mais que les électrices et électeurs connaissent encore mal -nous avons d'ailleurs six mois pour y remédier, et les moyens de le faire. Les qualités de Sami feront le reste. Mais si importante qu'elle soit, l'élection du Conseil administratif de la Ville ne résume pas à elle seule l'enjeu des élections municipales. D'abord parce que la Ville n'est pas tout le canton. Ensuite parce que le Conseil administratif n'est pas tout l'enjeu. La Ville n'est pas tout le canton : que la gauche reste majoritaire en Ville est bien notre objectif, mais si elle ne devait plus être majoritaire que dans une Ville cernée de grandes communes avec un MCG à 20 %, et un bourrelet de trente communes de droite, on se retrouverait dans une situation de confrontation permanente entre la Ville toute seule d'un côté, 44 communes et le canton de l'autre. Ne gagner qu'en Ville et perdre tout autour, ce serait perdre. Le Conseil administratif n'est pas tout l'enjeu : nous avons besoin de trois majorités : une majorité populaire, une majorité parlementaire, une majorité exécutive, chacune reposant sur la précédente. Sans majorité populaire, les choix du parlement et de l'exécutif seront systématiquement combattus par référendums, ou contrecarrés par initiatives. Sans majorité parlementaire, les propositions de l'exécutif seront refusées. Et sans majorité exécutive, nos propres choix politiques ne pourront se traduire dans la réalité. L'élection la plus importante, de ce point de vue, n'est pas l'élection du Conseil administratif, mais celle du Conseil municipal -et c'est sur elle que nous devons porter notre effort et renforcer nos alliances. Il n'y a aujourd'hui qu'un seul véritable contre-pouvoir institutionnel à un parlement et un gouvernement cantonaux de droite : la Ville. Nous devons renforcer ce contre-pouvoir, mais nous devons aussi l'élargir : la Ville seule ne peut être qu'un bastion. C'est beau, c'est héroïque, un bastion. Mais ça ne permet rien d'autre que résister. Et ça finit d'ailleurs presque toujours par tomber : la gauche municipale doit aussi gagner à Vernier, à Onex, à Meyrin, à Carouge, à Lancy, et s'en donner les moyens, et les alliances.

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