Qui, demain, pour succéder à Leuenberger et Merz ? Rien à braire

Mercredi matin, l'Assemblée fédérale désignera les successeurs (successrice-s ?) de Moritz Leuenberger et Hans-Rudolf Merz au Conseil fédéral. On est instamment priés de s'y intéresser, voire, si on n'a vraiment rien de plus mieux à faire, de s'y passionner : qui de Jacqueline Fehr et Simonetta Sommaruga succédera à Moritz ? qui de Karin KellerSutter et Johann Schneider-Ammann succédera à Merzeli ? Quels seront les scores de l'UDC Jean-François Rime et de la verte Brigit Wyss ? Le suspense est insoutenable, Alain Rebetez est sous prozac, les « faiseurs de rois » préparent leur nuit dans les bars des hôtels bernois... et nous ? Nous, on s'en fout. Parce que politiquement cette élection ne changera rien à rien -sinon à la vie des élu-e-s, dont, fort égoïstement, nous n'avons pas grand chose de plus à faire. Le Conseil fédéral restera à droite, les socialistes y resteront, l'UDC n'y gardera qu'un siège, les Verts n'y rentreront pas. D'ailleurs, que nos partis y siègent ou non, ce gouvernement n'est pas le nôtre mais celui des véritables maîtres de ce pays, ceux qui n'ont pas besoin de se faire élire quelque part pour disposer du pouvoir réel que leur donnent l'argent et les actions. Vous pouvez faire la grasse matinée et laisser reposer votre télé mercredi matin : il y a beau temps que dans ce pays s'applique la maxime donnée par Tancrède au Guépard : il faut faire semblant de changer les choses pour qu'elles ne changent pas.


Le statu quo, quoi d'autre ?

Qui préférez-vous voir au Conseil fédéral à la place de Moritz Leuenberger et de Hans-Rudolf Merz? Il semble qu'il faille forcément donner réponse à cette question existentielle. La Sonntagszeitung et Le Matin Dimanche se sont fendus d'un sondage, dont le résultat est que si le Conseil fédéral était élu par le peuple, la socialiste bernoise Simonetta Sommaruga serait élue à la majorité absolue et le radical bernois Johann Schneider-Ammann à la majorité simple, mais que les Romands auraient préféré Karin Keller-Sutter. Sur quels critères se fonde cet hypothétique choix populaire ? Des critères politiques ? des projets, une ligne, une culture politiques? De toute évidence, certainement pas. La notoriété préalable, le faciès, la capacité, pour les Romands, de s'exprimer en français, certainement : bien campée à droite, Karin Keller-Sutter est au moins capable de nous dire pourquoi. Et au-delà de ces critères? Au-delà, pas grand chose. C'est qu'on n'en attend précisément pas grand chose, du choix des successeurs de deux Conseillers fédéraux démissionnaires. Pas grand chose, ou rien du tout. Au sein du groupe socialiste, le radical bernois semble s'être attiré des sympathies, parce qu'en tant que patron, il défend le « partenariat social ». Autrement dit, le statu quo : « Avec lui, on connaît le produit », confirme une élue socialiste anonyme citée par Le Temps (du 17 septembre). On connaît le produit, en effet : c'est celui que la Paix du Travail touille depuis 1937. Quant aux femmes socialistes, elles ont renoncé à émettre une recommandation de vote pour la radicale saint-galloise, qu'elles auraient pu soutenir pour la seule raison qu'elle est une femme. Il n'est apparemment venu à aucun-e socialiste l'idée, téméraire, de ne soutenir aucune des candidatures radelibes, et de recommander un soutien à la candidature verte. Trop verte, comme on le dit d'un fruit pas encore mûr, la candidature verte. On a besoin de ministres rassurant-e-s, pas de militant-e-s politiques. Elit-on un gouvernement ? Non, on élit un Conseil d'administration. Et les radicauix-libéraux détiennent (encore) plus d'actions que les Verts. On élira donc un-e radelibe, et on s'en tiendra là. Et nous, nous en tiendrons donc las de cette absence de débat et d'enjeux politiques. Il s'agit de repourvoir les sièges socialiste et radical vacants et de rien d'autre, a résumé le chef du groupe PDC aux Chambres, Urs Schwaller. Apparemment, ce résumé convient parfaitement au PSS. A l'ordre du jour des grands enjeux politiques de ce pays, il n'y aurait donc que l'élection du Conseil fédéral, ? Quoi d'autre ? Des choix politiques, peut-être ? Vous plaisantez ? on est en Suisse !

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