Révision des statuts du PS genevois : Evolution d'octobre

Mercredi soir, les membres du PSG sont conviés à se prononcer en Assemblée Générale sur une proposition de révision des statuts du parti. Ils ne sont pas conviés à faire la révolution d'octobre (d'autant que la Révolution d'Octobre a eu lieu en novembre), tout au plus l'évolution. Au menu de l'assemblée, trois propositions, logiquement liées : la réduction de moitié du nombre de membres du Comité directeur (dont les membres seraient désormais tous élus par l'Assemblée générale), la suppression du Bureau du Comité directeur et la création d'une Assemblée des délégués avec une représentation directe des sections. Pourquoi réduire de moitié le nombre de membres du Comité directeur ? D'abord, parce qu'un organe de 35 membres ne peut pas fonctionner réellement comme une direction politique (pour autant qu'on ressente le besoin d'en avoir une), surtout quand de ces 35 membres seule la moitié participe régulièrement aux séances; ensuite parce que la représentativité démocratique d'une instance dont la moitié des membres sont des membres de droit est douteuse. Pourquoi supprimer le Bureau du Comité directeur ? Parce que si le CD est redimensionné, on n'a plus besoin d'un Bureau ( le Comité directeur actuel étant à la fois trop gros et trop lent pour être « fonctionnel », son Bureau finit par prendre des décisions qui ne sont pas de sa compétence) Pourquoi, enfin, créer une Assemblée des Délégués ? Pour assurer la représentation directe de toutes les sections dans une instance décisionnaire et pas seulement dans une coordination « informative », et pour faire de l'Assemblée Générale ce qu'elle est supposée être : le « pouvoir suprême » du parti, en la « libérant » de tâches formelles pour la consacrer pleinement aux choix politiques.

Remise en marche

Le Parti socialiste genevois, aujourd'hui, c'est deux partis en un : un parti cantonal, un parti municipal (celui de la Ville), aux structures quasiment identiques, aux moyens tout à fait comparables -mais le seul des deux qui fonctionne, c'est le parti municipal. Tant mieux pour nous, qui en sommes. Mais nous sommes aussi de l'autre, celui qui rame. La faiblesse du parti socialiste cantonal laisse au parti municipal occuper un espace qu'il a les moyens d'occuper -et qu'il se sent, légitimement, obligé d'occuper, pour ne pas laisser un terrain politique vacant de discours et de projets socialistes, quand la Ville et les grandes communes forment le seul espace politique qui puisse faire contrepoids à tous ceux que la droite contrôle. Nous avons, pour le moins, à défendre, et pour le mieux à renforcer, cet espace qui se retrouve être, « objectivement », un espace de résistance, face à quarante communes, un Grand Conseil, un Conseil d'Etat, une Constituante, un Parlement fédéral et un Conseil fédéral de droite... Or cet enjeu, le PS cantonal est incapable de relever. Certes, on ne change pas un parti en changeant ses statuts, en modifiant sa structure interne. Mais en opérant un tel changement, on peut le faire mieux fonctionner, voire, dans le cas du PS genevois, simplement le faire fonctionner, le rendre capable de prendre des initiatives plutôt que courir après celles des autres, de faire l'agenda politique au lieu de subir celui de ses adversaires, d'agir et de réagir rapidement au lieu de mettre deux semaines à faire ce qui pourrait être fait en deux heures. Les défauts de structures et de fonctionnement du PSG (et donc de ses statuts) ne sont pas la cause de ses défaites, mais ils sont la cause de son incapacité à les surmonter. Il s'agit donc de remettre en état de fonctionner un parti qui fonctionne mal. Un parti dont la majorité des sections ignore les enjeux cantonaux, où la majorité des membres de la direction ne participent pas aux réunions de la direction, où une instance administrative devient une instance politique par défaut de l'instance politique, un tel parti est incapable de faire correctement le travail qu'on est en droit d'attendre de lui. Le PS n'aura pas avant longtemps l'occasion de remédier à ces défauts et à cette incapacité. Il peut cependant se refuser à se voir tel qu'il est, refuser de se changer, accepter de se réduire progressivement à un comité électoral à la base de plus en plus restreinte, mais il faudrait qu'il le dise clairement, ce « laissez-moi crever » qui libérerait les forces qui lui restent. Les propositions qui sont faites à son assemblée générale visent, à redonner au PSG une capacité d'initiative politique. On peut évidemment y préférer la gestion des plans de carrière politiques individuels, mais là encore, il conviendrait de le dire clairement : « je préfère un parti politique subclaquant à un parti gênant, parce qu'agissant en parti politique et pas en office de placement ».

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