Fonds de tiroir

L'UDC a un programme de réforme scolaire. Si, si, ça surprend, mais c'est vrai. Bon, sa réforme, c'est carrément une contre-réforme, mais on va pas chipoter, c'est du lourd : d'abord, c'est le retour du maître de classe seul et unique (et quand on dit «du» , c'est pas « de la », l'école UDC, c'est pas un truc de gonzesses, c'est un truc de mec, comme l'école de recrues ), alors que 62 % des enseignant-e-s en Suisse travaillent à moins de 90 % d'un pleins temps; ensuite, c'est le retour de l'ordre, de la discipline, de la performance, des notes et des examens, et le placement des élèves les moins «doués» et des handicapés dans des classes spécialisées... Bon, on ricane, on ricane, mais franchement, est-ce qu'on avait attendu l'UDC pour en revenir, à petit pas, vers l'école de pépé ?

L'ancien président de l'UDC genevoise, Soli Pardo, qui avait déjà quitté le parti radical pour l'UDC il y a vingt ans, quitte aujourd'hui l'UDC (mais pas la Constituante où il a été élu sous l'étiquette UDC) avec armes et bagages pour passer au MCG, et entre directement, sans y être élu par personne, au Comité directeur du parti staufférien. Lequel s'affirme donc comme un parti soucieux d'écologie, en pratiquant le recyclage des matériaux politique usagés. Les rats quittant de plus en plus nombreux le navire udéciste, le Grand Timonier Christoph Blocher est annoncé pour le 2 novembre en mission au bout du lac pour tenter de redresser la section locale du parti, litéralement pompée par le MCG (outre son ancien président cantonal, Soli Pardo, le président de la section de la Ville de Genève, Olivier Klingele, des élus municipaux et des militants, ont déjà quitté le rafiot pour s'embarquer sur la galère MCG). Résultat : aux prochaines élections municipales, le MCG risque fort d'éjecter l'UDC du Conseil municipal de la Ville, en prenant sa place et en rabotant les scores électoraux des partis de droite, et aux élections fédérales de l'automne, le MCG vise au moins un siège, voire deux, au Conseil national, toujours sur le dos ou le râble de l'UDC. La peste chassant le choléra, quoi.

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, revient dans le Washington Post, sur la recrudescence ces dernières semaines dans le monde des attaques dirigées contre des personnes perçues comme gays, lesbiennes, bisexuelles ou transgenres : du suicide de six adolescents homosexuels raillés par leurs camarades de classes aux Etats-Unis, à l’attaque au cocktail Molotov d’un rassemblement homosexuel à Belgrade, en Serbie, en passant par la flambée de viols de lesbiennes en Afrique du Sud justifiés comme une tentative de «corriger» leur sexualité, ou la publication par un journal ougandais des photos de 100 Ougandais identifiés comme gays ou lesbiennes sous le titre « Pendez-les »... «Chaque jour, dans tous les pays, des individus sont persécutecutés, calomniés ou violemment agressés, voire tués, en raison de leur orientation sexuelle et identité de genre», a rappelé Navi Pillay. Face à cette situation, la Haut Commissaire aux droits de l’homme estime qu’il est « du devoir de tous de lutter contre l'intolérance et les préjugés et de demander que les auteurs de crimes de haine rendent des comptes ».La première priorité, selon elle, est de « faire pression pour que l'homosexualité soit décriminalisée dans le monde entier ». Dans plus de 70 pays, des femmes et des hommes font face à des sanctions pénales sur la base de leur orientation sexuelle et ces lois les exposent à un risque permanent d'arrestation, de détention, voire de torture ou d'exécution.


Or donc, le Conseil d'Etat a décidé de censurer une affiche du MCG, appelant à voter « oui » à l'initiative de l'UDC pour le renvoi des «criminels étrangers» en arborant, notamment, le portrait de Muammar Kadhafi avec cette légende : « il veut détruire la Suisse ». Ce qui n'a strictement aucun rapport avec l'initiative soumise au vote, et n'était là que comme un bon gros panneau démagogique, dans lequel le gouvernement genevois est tombé à pieds joints en invoquant l'article 296 du Code pénal suisse, qui punit l' « outrage à Etat étranger dans la personne de son chef », ce qui n'a pas plus de rapport avec l'affiche du MCG que cette affiche n'en a avec l'initiative de l'UDC : on ne voit pas en effet ce qu'il y a d'outrageant à rappeler que Kadhafi a effectivement, publiquement et officiellement proposé de « détruire la Suisse » en la dépeçant entre la France, l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie. En interdisant l'affiche du MCG sous prétexte qu'elle « nuit aux intérêts de la Suisse et de Genève » (dixit le président du Conseil d'Etat, François Longchamp), le gouvernement genevois a fait à cette affiche et au MCG au publicité formidable, offert une estrade au bateleur en chef du mouvement, Eric Stauffer, et lui a donné l'occasion de se poser en victime alors que son placard ne méritait rien d'autre qu'un mépris contristé. Le MCG appelle donc à voter pour l'expulsion des criminels étrangers en illustrant son appel d'une photo du père Kadhafi, dont Genève avait bel et bien expulsé le rejeton après l'avoir arrêté pour maltraitance envers ses domestiques. La décision du Conseil d'Etat genevois d'interdire l'affiche MCG est une sombre ânerie, un cadeau invraisemblable fait au MCG. Qui n'avait certainement pas besoin d'ajouter la bêtise gouvernementale à celle dont il s'est fait, comme l'UDC mais, à Genève, mieux qu'elle, une spécialité d'exploiter.

La « Tribune de Genève » de samedi nous l'apprend : l'ex-promoteur Jürg Saübli, qui devait 80 millions à la Banque cantonale de Genève, a soldé sa dette en n'en payant qu'un centième (80'000 balles). Un vrai arrangement entre amis, qui nous ouvre d'intéressantes perspectives : nos cotisations d'assurance-maladie en retard, ou nos amendes TPG pour resquille, on devrait ainsi pouvoir les payer en les réduisant de 99 % pour solde de tout compte, ou alors c'est qu'il n'y a pas de justice. Or on y croit, nous, à l'égalité devant la Justice. Alors qu'est-ce qu'on dit ? On dit « merci la BCG, et merci Staübli » de votre contribution à la lutte contre le surendettement des classes populaires en général, et le nôtre en particulier...

« Les conditions de logement inadéquates et souvent épouvantables de millions de migrants dans le monde sont principalement le résultat de pratiques discriminatoires mais cette situation peut être corrigée par l'adoption d'une approche réellement fondée sur les droits », a déclaré vendredi la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur le droit à un logement convenable, Raquel Rolnik, lors de la présentation de son rapport annuel à l'Assemblée générale de l'ONU. « La plupart des deux cents millions de migrants internationaux ne jouissent pas de leur droit à un logement convenable ; au contraire, ils ont souvent des conditions de logement terrible, à l'instar de milliers de travailleurs domestiques forcés de dormir dans les toilettes, la cuisine ou des placards, et souvent victimes de violence, de harcèlement sexuel ou d'isolement forcé », a-t-elle poursuivi. La Rapporteuse spéciale a également indiqué que, « même si historiquement la plus grande proportion de migrants a quitté les pays à faible revenu pour des pays à revenus élevés, aujourd'hui près de la moitié des migrants se déplacent entre les pays du sud ». Raquel Rolnik a enfin exprimé sa préoccupation quant aux expulsions forcées de migrants dans le cadre de projets de rénovation urbaine. « Dans de nombreux pays européens, les autorités démantèlent fréquemment des camps illégaux de voyageurs et de Roms, mettant des centaines ou des milliers de personnes sans abri »

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